Sujet: Concours n°6 ♦ Silence - Votes jusqu'au 02/09/14 Mar 26 Aoû 2014 - 14:45 | |
| Concours n°6 Silence
WESH LES GENS COMMENT QUE CA VAAAA Donc, donc. Les inscriptions au concours N°6, dont le thème était « Silence », sont closes, et je vais donc à présent lancer les votes ! Et je crois que vous devez pas m'aimer les gens. Ou alors je ne sais pas bien harceler. Ou alors, le thème ne vous a pas plu. MDB avait reçu 13 participations, et moi je n'en ai eu que 6 7 ! Enfin, ça reste déjà pas mal, donc je suis contente. Mais on s'en fiche de ça, voici maintenant les textes. - Participation n°1:
Clac. Oh. Elle est rentrée une minute plus tôt que d'habitude. Ah oui. Elle a une carte magnétique maintenant, elle n'a plus besoin de s'acheter un ticket. Clihing. Le bruit de ses clés tombant dans le bol déposé à l'entrée à cet effet, résonne à travers l'appartement. Pschit pschit. Elle se remet du parfum afin de paraître fraîche et de cacher l'épuisement que sa longue journée a créé en elle. Elle a besoin de préserver les apparences. Clac clac clac. Elle marche avec ses escarpins, qu'elle porte malgré sa haine envers ceux-ci. Il faut préserver les apparences. Crggrin. La porte qui grince d'une manière insupportable, annonçant son arrivée. Puis viennent ces mots, les mots qu'elle répète chaque soir telle une formule magique. Bonsoir, chéri. Comment s'est passé ta journée? Un sourire naïf et faux éclaire son visage. Comme toujours, je réponds avec un sourire éclatant. Il faut bien préserver les apparences. Je lui retourne la question. Sa réponse, positive, est la même que d'habitude, mot par mot, syllabe par syllabe, elle se répète. Elle s'assied dans un fauteuil légèrement à gauche du mien et prends le journal déposé sur la table basse en face de nous. Je reste assis quelques minutes, lisant un chapitre d'un livre stupide.Pschahat. J'entends les pages de son journal se tourner. Je me demande si elle lit les titres ou si elle fait semblant à cent pour-cent. J'ai faim. Je me lève et elle sait que je vais faire à manger. Il n'y a aucune raison de s'étonner, c'est toujours ainsi. Tring. La casserole s'est cognée contre le poêle placé tout devant, dans le placard, malgré le fait qu'il ne soit jamais utilisé. Peut être qu'un jour, quelqu'un déplacera ce poêle. Ce qui est certain que ce ne sera ni elle, ni moi. Je mets des aliments dans la casserole. Le contenu de cette casserole n'a aucune importance. Pschischscht. J'ai fait tomber de l'huile dans la casserole déjà chaude. J'ai soif. Je lâche la casserole et je laisse couler l'eau. Gleugleugh. Ma soif disparue, je me refocalise sur la casserole. Ma respiration me semble inexistante. Quelques minutes après, je verse les aliments dans deux assiettes. Je les dépose sur la table, ainsi que deux paires de couverts. Clac clac clac. Tiens, je ne l'ai pas entendue se lever. Elle s'assoit silencieusement et j'en fais de même. Il y a quelques mois, on essayait de trouver un sujet de conversation. Maintenant, on mange. Clouchcloucclouchclouc. Elle mange d'une manière plutôt bruyante maintenant que j'y pense. Avant, ce n'était pas ainsi. Je suppose qu'elle essaye ainsi de chasser l'absence de bruit qui doit l'oppresser. C'est vrai qu'elle est ce genre de personne qui ne se fait jamais à rien jusque cela ne disparaisse. Notre quotidien heureux ne lui allait pas, ce quotidien là, et bien, je suppose qu'il ne lui va pas non plus. Ce n'est pas comme si elle le disait, cela ne correspondrait pas. Souvent, les grands changements ont des raisons claires, des raisons tues. Mais chez nous, ce n'est pas comme ça. Nous n'avons pas perdu quelqu'un ; nous n'avons pas assisté à un événement choquant ; aucun de nous a trompé l'autre.. En réalité, je pense que, d'une certaine manière, nous nous aimons encore. C'est juste que chacun de nous a perdu espoir. Nous avons, chacun de notre côté, trop crié. Alors maintenant nous nous taisons. Avant, il parait qu'on était courageux. Pfa. Courageux. Maintenant, nous sommes le couple parfait. Ayant perdu mes parents tôt, j'ai été quasiment adopté par sa famille. Sa mère m'adore, son père m'admire. Nous étions fait l'un pour l'autre. Elle, elle m'a aimé dès le premier regard qu'elle a jeté sur le visage que je vois dans le miroir. Moi, moi, moi. Moi, je ne l'ai découverte que tard. Très tard. Elle ne m'en a pas voulu. Nous nous sommes mariés tôt. Nous étions un couple vivant et bavard, du moins, c'est le rôle qu'on joue lorsque des gens viennent interrompre notre quotidien mécanique. Je me souviens que nous nous battions. Nous nous battions contre l'injustice. Nous étions naïfs. Un jour l'étincelle représentant, l'espoir, la joie, et l'amour de vivre a disparu de nos pupilles. Et puis, avec cela vint le mensonge. Le mensonge qui fait de nous d'autres gens lorsque nous sommes en compagnie de témoins. Même nos amis n'ont rien remarqué. Nos amis. Je dis bien que nous étions fait l'un pour l'autre. Enfin, que nous le sommes. Parler au passé est un automatisme qu'on s'est approprié, tous les deux. C'est comme admettre qu'en réalité, nous sommes des carcasses sans vie. Mais ce qui vint réellement avec la perte de cette étincelle, fut le silence. Le silence. Ce mot nous effraie. Je ne parle pas du silence comme vous pouvez en trouver la définition dans le dictionnaire, parce que sinon, sinon mes pensées n'en seraient pas là. Clinging. Ses couverts frappant l'assiette résonne dans la petit cuisine. Non. Je ne parle pas de ce silence-là. Je parle du silence réel. Du silence qui vous fait crier pour vous échapper. Bien sûr que vous ne le connaissez pas. Parce que, vous, vous vivez. Je ne parle pas, ici, du fait que votre cœur batte, parce que je peux vous assurer que mon cœur bat tout aussi bien que le votre. Je parle du fait que votre âme soit vivante. Parce que vous souffrez, vous êtes joyeux, amoureux, haineux ou encore jaloux. Nous, nous sommes indifférents. J'ai dit qu'elle n'aimait pas cette vie, me direz vous. Effectivement. Parce qu'elle voudrait être vivace et bavarde et arrogante et joyeuse comme elle l'était. Mais j'ai aussi dit qu'elle ne le disait pas. Parce que cela ne correspondrait pas. Elle aimerait, vous comprenez, elle aimerait se plaindre. Mais elle sait que cela n'a aucun intérêt. Elle a perdu toute force de parler en s'intéressant à ce qu'elle raconte. Parce qu'être silencieux ne constitue pas dans le fait de se taire. Non. Être silencieux constitue dans le fait de ne pas s'impliquer dans ce que l'on raconte, de ne pas réellement penser. Seul un vampire télépathe peut reconnaître les personnes réellement silencieuse. Ce vampire télépathe en question fuirait. Parce que, le silence est effrayant. Il vous dévore. Et puis finalement vous n'êtes plus qu'une pâle reproduction de vous même. Je voudrais vous dire qu'il est impossible que cela vous arrive un jour mais malheureusement, cela m'est impossible. Je ne sais pas si le silence est curable. Peut être. Peut être. Mais pour cela, il faudrait rencontrer quelqu'un ayant été vampire télépathe dans une vie antérieure. Si j'étais capable de réellement ressentir, peut être que je serais heureux de penser à la deuxième personne du pluriel. Cela veut dire qu'il me reste quelque chose de mon enfance, cette impression de parler à un publique muet et invisible. Muet. Silencieux.Silence. Le silence me poursuit et il est impossible pour moi de m'enfuir parce que cela reviendrait à abandonner mon âme et donc à tomber dans le silence éternel, donc encore une fois, le silence m'aurait rattrapé. Vous croyiez connaître le silence n'est ce pas? Vous étiez persuadé, d'avoir connu le silence, le vrai, lorsque vous étiez seul et que vous vouliez désespérément entendre une voix rassurante. Ou alors, êtes vous de ceux qui se plaignent? Qui ne souhaite qu'une chose, un peu de silence? En tout cas, je ne pense pas que vous connaissiez, le vrai silence. Enfin, à présent, vous savez qu'il existe. D'ailleurs. A présent que vous savez ce qu'il en est réellement du silence profond, êtes vous comme j'aurais pu l'être si je l'avais su plu tôt? Avez vous peur? Tremblez vous de peur d'être dévoré? J'espère pour vous que c'est le cas. Parce que le silence est la pire chose qui peut vous arriver.
- Participation n°2:
Il n'y avait pas un bruit dans la pièce, alors que les deux adversaires se faisaient face. L'obscurité régnait, mais un point de lumière leur permettait de se voir mutuellement. C'était la plus grande des deux qui l'avait allumé, la plus petite préférant être dans le noir complet. Furtive et nocturne, elle avait pour habitude de passer inaperçu en noyant dans les ténèbres de la nuit. Mais cette fois, elle avait échoué et sa présence avait été détectée. Son opposante n'avait pas émis un seul bruit en la voyant. Aucun cri, aucun geste brusque. Elle était restée parfaitement calme et immobile, se contentant de la fixer sans un mot. Alors l'intruse la fixait en retour, sans bouger, attendant la sentence qui allait lui tomber dessus, conséquence de sa présence indésirable dans la pièce. L'autre paraissait si grande et menaçante face à elle, elle ne pourrait rien faire d'autre que capituler. Rester immobile et surveiller les réactions de son adversaire était la seule solution fiable qui s'offrait à elle. L'autre, la plus grande, finit par bouger. Elle s'empara d'un objet posé à côté d'elle et, d'un geste rapide, elle l'abattit aussitôt sur l'intruse qui n'eut pas le temps de réagir. En un quart de seconde, cette dernière vit sa vie défiler mais, par chance, ce n'était pas un coup fatal. A vrai dire, elle était même indemne, alors que son opposante se trouvait maintenant face à elle, l'ayant emprisonnée dans une prison invisible. La plus petite des deux se met à paniquer. Que lui avait-elle fait? Qu'allait-elle lui faire? Elle n'eut pas le temps de se poser plus de questions car elle sentit le sol bouger en dessous d'elle, alors qu'elle était déplacée de force. Puis il y eu un mouvement brusque, et l'autre se retrouva hors de son champ de vision alors que le froid extérieur s'abattait sur elle. Le vide l'entoura un instant, puis elle toucha à nouveau le sol, stable et protecteur. Elle s'en était tirée vivante.
oOoOoOo
Avec un soupir, Julie ferma sa fenêtre. Sans un mot, elle inspecta à nouveau sa chambre, vérifiant chaque centimètre de mur à la recherche d'une autre araignée. Non, il n'y en avait plus. Alors, la jeune fille éteignit la lumière et se glissa dans ses couvertures, espérant qu'aucune autre bestiole à huit pattes ne profitera du silence de la nuit pour se balader dans la pièce.
- Participation n°3:
Le soleil réchauffe ma peau. Je suis allongée dans l'herbe verte, les yeux mi-clos. La brise souffle légèrement, caressant mon visage, couchant la cime des arbres. J'ai écarté mes bras pour mieux sentir l'herbe me chatouiller. Je suis bien, ici. Loin du monde extérieur. J'ouvre les yeux, juste à temps pour apercevoir un vol d'oie sauvage. J'inspire lentement, tout en les regardant s'éloigner, et l'odeur du pollen me remplit le nez. J'aime bien venir là, voir l'herbe ondulée sous le vent du mois de mai, projetant des petits éclats verts émeraudes. Je sens mon portable vibrer dans ma poche, me tirant de ma rêverie. C'est ma mère qui me demande de rentrer. Je me lève donc péniblement. L'herbe a imprimée des sillons sur mes bras. Je descends la colline au pas de course et longe le petit ruisseau m'arrêtant un instant pour observer l'eau claire. J'en profite pour attraper une boite de Tic-Tac au fond de ma poche, en verse une dizaine dans ma main et les fourre dans ma bouche, laissant le sucre fondre sous ma langue. Je débouche sur une petite route de campagne et la remonte pour arrivée sur le trottoir de l'ancienne nationale. Les voiture roulent vite et le vent qu'elles produisent soulève mes cheveux. Mes narines se remplisse de l'odeur des pots d'échappement et de la poussière. Le goût âcre se propage dans ma bouche et efface le souvenir acidulé des bonbons. En montant dans le bus, je présente ma carte au chauffeur qui hoche la tête et m'assoie. De l'autre côté de l'allée, il y a un jeune garçon, d'à peu près mon âge, ses écouteurs visés dans les oreilles. Je le dévisage longuement, ses cheveux châtains tombant sur son front en de délicates mèches et ses yeux verts rivés sur l'écran de son portable. Et ses écouteurs. Quand j'arrive chez moi, l'odeur du chocolat chaud m'emplit les narines. Je me déchausse et contourne le bar pour découvrir ma mère, dans la cuisine, remuant le chocolat fondu. Ca sent bon et ça me fait saliver. Elle se retourne et me sourit. Et je lui rends son sourire. Mon frère apparaît derrière mon dos et je vois ses lèvres bougées, questionnant ma mère qui lui répond. Il remonte ensuite dans sa chambre, sans me prêter attention. Devant mon air interrogateur, ma mère éteint le batteur, le pose et se tourne vers moi. Ses mains se mettent à bougées et forment des mots silencieux.
- Participation n°4:
Il y avait une femme. Une femme qui avait dans les quarante ans.
Cette femme vivait seule. Tous les jours, elle allait travailler, de huit heures du matin à huit heures du soir, et puis rentrait chez elle, dans cet appartement vide. Cet appartement où les seuls bruits audibles étaient les siens. De temps à autre, elle mettait de la musique, pas trop fort pour ne pas déranger les voisins. Et pourtant, son domicile lui paraissait toujours horriblement silencieux. Un silence qui ne lui apportait que douleur.
Sur la table de nuit, à gauche de son lit, se trouvait une photo. Une photo, dans un cadre, qui était toujours à plat. La femme ne voulait guère voir ce cliché. Sur l'image, on pouvait voir un trio. Une famille de trois. La demoiselle dont nous parlons depuis plusieurs lignes, son mari, et leur fille, qui avait à l'époque quatre ans. Oui, à l'époque, Anne, car c'était son nom, était mariée. À vingt ans, elle avait eu Cathia. Ils étaient heureux, dans leur petit appartement. Et puis, alors que Cathia avait fêté ses cinq ans le mois passé, son père quitta la maison et ne revint jamais. Anne et lui avaient divorcé. La mère se retrouvait donc seule avec son enfant. Ce n'était pas toujours facile à gérer, mais elle se débrouillait.
D'ailleurs, vous savez, c'était Cathia qui permettait à sa mère de tenir le coup. Anne n'avait que peu d'amis, et ses interactivités avec eux étaient faibles. Ainsi, le soir, lorsqu'elle allait chercher sa fille à l'école, être reçue par le plus grand sourire qui soit était une vraie bénédiction. Toutes ces questions sur comment s'était passé la journée d'Anne aussi, étaient importantes. Sa fille était tout pour elle.
Lorsque Cathia fut assez grande pour rentrer toute seule à la maison, la mère était à la place accueillie par un " Bienvenue à la maison ! " enjoué, et par l'enfant courant dans ses bras.
Mais Cathia était morte. Il y a un mois, jour pour jour, elle a été renversée par une voiture. Elle n'y a pas survécu. Le silence soudain du cardiogramme avait été comme un coup de poignard dans le cœur de cette mère. Anne était dorénavant seule. Plus jamais elle n'entendrait un verre se briser, suivi d'un cri paniqué de sa fille qui ne savait guère que faire. Plus jamais l'enfant ne viendrait toquer à sa porte pour lui demander de l'aide pour ses devoirs. Plus jamais elle n'entendrait " Bienvenue à la maison ! ". Depuis ce jour fatidique, le silence était ce qui tuerait Anne petit à petit.
- Participation n°5:
Le silence ...
Que vous évoques-t-il, à vous ? Le repos, la mort, la fin du monde ... ? Peut importe. Cette salle est silencieuse, pas un seul bruit n'en échappe. Une douce lueur apparaît au fond, puis quelques pleurs retentissent ; ceux d'une enfant.
Agrippée à sa mère, elle pleur et gâche ce silence pourtant parfait, un fusil braqué sur la femme semblant courageuse et prête à rejoindre le monde des morts. La fillette sèche ses larmes, demandant un arrangement aux personnes qui les menace, mais rien ne changent, ils se taisent et braque le fusil dans sa direction à elle.
La mère ne réagit pas, elle est attachée ... Je les regarde de loin, ayant trop peur pour interagir ... Je n'ai pas mon téléphone, je ne peux rien faire, et j'ai trop peur de faire du bruit donc je ne bouge pas, j'observe la scène dans le calme, cachée dans l'ombre.
L'homme qui tient le fusil est accompagné de deux personnes, il s'apprête à tirer et je vois la demoiselle serrer sa mère encore plus fort. Il tire, le silence est rompu par le bruit de la balle, partie dans le corps de la femme. La fillette pleur encore plus, l'autre balle pars et plus aucun bruit ne s'échappe, cette fois.
Ils partent dans ma direction, j'ai peur, si je ne rentre pas ma mère va me gronder. Je me lève doucement dans l'ombre jusqu'à voir la lumière aveuglante d'une lampe torche braquée sur moi. Je lâche un cri, et je cours le plus vite que je peux. Ils me suivent, j'entends leur pas. Ils sont durs à écouter, mais je les écoute, pourtant ...
Je trébuche par terre, la face dans l'eau, et en relevant la tête, je les vois me menacer avec leurs pistolets ... Je leur demande à mon tour un arrangement, mais rien ne passe, je sens la balle traverser mon torse, puis ils repartent. Le silence revient jusqu'à l'alarme de police qui sonne derrière les murs, ils entrent mais c'est trop tard, je rejoins un monde plus calme, je pars.
J'écoute enfin ... Le silence.
- Participation n°6:
Tu me hantes. Souvent, je regrette ta présence. Et malgré tout, je suis heureuse de t'avoir à mes côtés. Cela fait si longtemps. Si longtemps que nous sommes ensemble. Oui... Je crois... Je crois que je t'aime.
Tu sais, ce jour-là, je savais qu'elle partirait. Je savais que j'avais été cruelle. Mais je ne m'étais pas excusée pour tout le mal que je lui avais fait. Je ne lui avais même pas dit "au revoir" en sachant qu'elle ne reviendrait pas. À cinq ans, j'étais déjà un monstre, une vraie tigresse. Et ce jour-là, inconsciemment, je t'ai laissé me guider. Au lieu de faire mes adieux à mon ancienne et unique meilleure amie, c'est toi que j'avais choisi.
Penses-tu que j'étais heureuse, deux années plus tard, en constatant que je perdais mes amis ? J'ai honte. Honte de m'être intégrée à la génération précédant la mienne. Honte d'avoir remplacé mes anciens amis par de nouveaux camarades. Toi, tu étais là. Tu empêchais mon coeur de contacter mon esprit.
Deux ans plus tard, je ne sais pas ce qui s'est passé. Petit à petit, la princesse que j'étais devenue perdait de sa splendeur. Tu m'accompagnais dans cette chute dont je n'ai plus de souvenirs, et cela ne semblait pas me déranger. Tu profitas de l'occasion pour m'éloigner de mes amis, tandis que je faisais mon entrée au collège.
Trois ans s'écoulèrent. A l'ombre de mes camarades de classe, j'avais tout de même réussi à recréer un lien avec un ancien ami. Je l'aimais beaucoup. Et c'est à ce moment que l'histoire se répéta. A cause de toi. Je t'en voulais, je m'en voulais. Toi et moi, nous l'avons laissé partir si loin. Plus rien ne me permettait de le contacter. Il ne me restait que de précieux souvenirs. Tout cela parce que j'avais eu peur. Peur de lui dire "au revoir". Peur de le remercier pour tous les moments que nous avions passés ensemble. Peur de te chasser, toi.
Les deux années suivantes, j'entrai dans ma période de dépression, pouvant aussi être appelée "adolescence". Je passais mon temps auprès de toi. Tu m'apaisais. Tu m'apportais le réconfort dont j'avais besoin pour surmonter mes soucis. Je me coupais du monde. Je ne désirais que toi. Toi, et seulement toi. C'est pour cette raison que l'on me criait dessus. Tout le monde voulait que je te quitte. Il paraît que j'avais perdu mon sourire. Mais en fait, mon sourire, je sais que tu en prenais soin pour me le rendre au moment venu.
Vînt alors 2013. La plus belle année de ma vie. Je m'étais fait de nouveaux amis, et une fois encore, je perdis ceux que j'avais juste avant. L'année précédente, je m'étais remise à traîner sur internet. J'avais rencontré des gens fabuleux. Toujours en dépression, je commençais à douter de mes sentiments pour toi. Je commençais à vouloir te briser, changer ma vie, tourner la page... Je laissai les gens m'éloigner de toi. 21 mai 2013. Changement brutal. Du jour au lendemain, je retrouvai tout à coup mon merveilleux sourire, ma joie de vivre. Ayant la chance de me sentir à nouveau heureuse, je t'abandonnai pour me laisser envahir par un amour bien plus puissant et différent du nôtre.
Tu sais, même si tu m'entends souvent me plaindre de ma vie, je suis vraiment heureuse au fond de mon être. Et même si je passe moins de temps avec toi, tu sais bien que je t'aime. Nous avons partagé, nous partageons et nous partagerons encore beaucoup de choses jusqu'à la fin de ma vie. Tous ces souvenirs, toutes ces inquiétudes, toutes ces souffrances, tous ces moments de joie et de tristesse, toutes ces émotions. Tous ces secrets que nous gardons. Personne ne sait tout cela. Personne ne me connait mieux que toi.
Silence, mon doux Silence. Tu me hantes, tu me poursuis, et pourtant... Je t'aime, car tu es mon plus fidèle ami.
- Participation n°7:
Le silence. Il était perturbant, ce silence. Pas que le cimetière soit animé, d’habitude, mais ce silence était lourd. A un enterrement, il est normal que le bruit soit peu présent. Mais ce silence était trop intrigant. Pas un bruit, pas un reniflement, pas un sanglot. Rien. Juste les bruits de pas, et une pluie fine qui tombe. Voilà qui était très curieux. On aurait pu s’attendre à un torrent de larmes, ou au moins quelques discrets gémissements, mais rien ne perturbait le calme des lieux. La seule chose qui créait un lien entre tous les invités, c’était les regards. Ils n’étaient pas reliés par leur tristesse, mais par leurs regards. Elle avait l’air vigilant, la famille de ce pauvre homme. Mais leurs yeux n’étaient ni éplorés, ni désespérés. En réalité, ils se défiaient. Leurs yeux lançaient des éclairs. Ils étaient en colère. Comme s’ils rejetaient une faute les uns sur les autres.
C’est que, en réalité, cette famille avait un secret. Lequel, me direz-vous ? Je ne sais pas si je peux le dévoiler ; c’est là l’essence même d’un secret. En revanche, je peux vous aider à deviner par vous-même. Regardez-les, ces idiots, hargneux et tendus. Ils ne prennent même pas la peine de pleurer leur aïeul. Ils ne le regardent même pas ; ils se contentent tous d’arborer un air irrité, la même expression que porterait une vieille femme acariâtre. Ne voyez-vous pas quelque chose d’étrange également ? Il n’y a aucun enfant. Peut-être leurs parents auront-ils jugé bon de leur épargner ce climat de tensions, peut-être auront-ils décidé de ne pas leur montrer le corps. Il est vrai que ce détail ne vous aide pas beaucoup. Cependant, je ne peux pas tout vous dire, tout de suite.
Ou peut-être vais-je y être obligé, en fin de compte. Ce silence devient oppressant, n’est-ce pas ? Le dénouement approche.
De toute façon, vous finirez par le connaitre, le fin mot de cette histoire… Vous voir essayer de comprendre sans succès m’a donné pitié, aussi je peux bien vous le dire, puisqu’il est trop tard pour vous. Tous ces gens se détestent. Ils ne se connaissent que de réputation, et ils se haïssent. Et pourquoi donc ? Une affaire d’honneur, d’argent, et de trahisons, tout simplement. Ces gens sont des mafieux ; et ils appartiennent à des familles différentes. Vous comprenez maintenant ? Aucune ressemblance physique entre eux, des tenues de deuil que l’on jugerait peu conventionnelles… L’information n’est pas encore montée à votre cerveau ? Et bien voilà : tout ceci n’est qu’une mascarade. Regardez bien, vous allez assister au coup d’envoi. D’un coup, sans plus s’embarrasser de formalités, l’homme dans son cercueil s’assoit. L’arme au poing, il tire.
Et ça canarde dans tous les coins. Comme un règlement de compte organisé. C’est de cela qu’il s’agit, en effet. Si j’étais vous, je déguerpirais maintenant. Ils n’aiment pas les fouineurs et autres petits rigolos dans votre genre, ici. Ce cimetière est devenu un véritable champ de bataille, et rester par ici serait risquer votre peau. Oups, il est trop tard, on dirait. J’aurais au moins tenté de vous prévenir !
Ce silence, c’était un silence d’avant-guerre. Le silence avant un bombardement. Et devinez quoi ? Ecoutez bien, vous, les survivants. Ecoutez. Les explosions finissent toujours par s’arrêter ; comme maintenant. Le silence à nouveau. Un silence assourdissant après le vacarme et la violence d’une bataille. Il ne reste que peu de gens indemnes. Et indemne est un bien grand mot ; il est impossible que quelqu’un s’en soit sorti sans au moins une égratignure, après tout. Cet enterrement fut bien singulier, il faut l’avouer ; le cimetière a gagné un bon nombre de nouveaux habitants.
Et toi, Invité, quel est ton texte préféré ?
Dernière édition par Rika le Mar 26 Aoû 2014 - 15:08, édité 3 fois |
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