Sujet: Concours n°18 - Alice - Votes Dim 3 Jan 2016 - 14:56 | |
| Concours n°18 Alice Et voilà, c'est l'heure de découvrir les textes des participants ! Je rappel que le thème était Alice et ça a dû en inspirer beaucoup car nous avons un total de 6 participations ! Ce qui est beaucoup. Je remercie tous ceux qui ont prit la peine d'écrire et de m'envoyer. Mais découvrons ensemble les textes. - Participation 1:
[Si vous voulez vous situer dans Cyrano de Bergerac, lisez l'Acte 2, sinon ENJOY!] Ainsi se disait-on, que Christian serait réduit en bouilli sous la force astronomique de Cyrano. Déjà Le Bret avait la frayeur qui brillait dans ses yeux. Mais Cyrano était sûr qu'il ne voulait aucun auditeur à leur conversation. Ils sortirent donc sans tarder. Cyrano: Embrasse-moi! CHRISTIAN: Monsieur. . . CYRANO: Brave. CHRISTIAN: Ah ça! mais!. . . CYRANO: Très brave. Je préfère. CHRISTIAN: Me direz-vous?. . . CYRANO: Embrasse-moi. Je suis son frère. Oui, de la jeune fille à qui vous rêver toutes les nuits.
Christian était abasourdi. Comment un étranger pouvait-il savoir que que que.... Et puis, lui dans tout l'univers, l'homme, le cousin de cette jeune délicate poupée. OH MAIS SON NEZ, QUELLE ATROCITÉ.
CYRANO: Ne pensez pas, je vois dans vos yeux la lueur d'un besoin aveuglant d'amour de pass— CHRISTIAN (avec un regard de choc) Ne vous emportez pas avec ce langage ! Je - enfin - je ne JE NE VOUS AIME PAS. VOUS ÊTES LAID, VOUS N'ÊTES PAS BEAU GOSSE. CYRANO: Peut-être le dites-vous maintenant. Depuis votre entrée, votre regard ne suit que mes pas. CHRISTIAN (lui prenant les mains): Comme je suis heureux, Monsieur, de vous connaître! CYRANO: Voilà ce qui s'appelle un sentiment soudain. CHRISTIAN: Pardonnez-moi d'essayer de prédire un futur, mais que ferons-nous de Roxane. Je vous accorde qu'on aurait un futur *Christian rougit doucement* CYRANO (le regardant, et lui mettant la main sur l'épaule): Nous ferons le nécessaire. Mais vous m'appartenez, cher. Roxane attend ce soir une lettre. CHRISTIAN: Hélas! CYRANO: Ne vous importunez point, j'ai préparé un pli cacheté à son honneur. CHRISTIAN: Alors c'est décidé, nous allons désillusionner Roxane ? CYRANO (regardant Christian): Christian, veux-tu? Veux-tu que nous fassions—et bientôt tu m'embrases!— CHRISTIAN: Quoi! Cela, cela me ferait.. tant de plaisir ! CYRANO (avec enivrement): Ooohh (Il se jette dans les bras de Cyrano. Ils restent embrassés.)
ALICE: Bonjour Monsieur, oh je ne savais pas que vous étiez à domicile aujourd'hui CYRANO: Non, non je vous demande pardon de ne pas vous avoir averti. CHRISTIAN (qui est en dessous de la couverture rose): HMFL.. Ça fait longtemps que je n'ai pas autant dormi *s'étire et aperçoit Alice* ALICE: OH MAIS CHOC MAIS QUELLE INDÉCENCE! CYRANO: Madame. Calmez-vous & sachez que cela reste un secret entre nous. ALICE: Rox, c'est une personne qui m'est chère & je ne la trahirai surtout pas, pas à vos dépends avec .... lui..... CHRISTIAN: Ce n'est pas ce que vous croyez.. ALICE: Je me casse avant d'apprendre d'autres absurdités.
CYRANO: Je ne sais pas pour vous, mais cela s'est passé agréablement bien, tu penses qu'elle va ouvrir sa trappe? CHRISTIAN: Tu parles de bien? Je crois que j'ai commis une erreur. CYRANO: Évidemment que non. Voir ses vraies couleurs n'a rien de mauvais. CHRISTIAN: Parlez pour vous. Vous savez que mes sentiments sont sincères, CYRANO: Alors s'ils le sont, restez avec moi & aimez que moi. CHRISTIAN: Je voudrais bien (...) CYRANO: Qu'est-ce qui vous tracasse tant ? CHRISTIAN : Enfin, je voyez.. CYRANO: J'écoute ! CHRISTIAN: Fuir. Je veux fuir ma réalité. Roxane est ma nouvelle vie. Je ne peux vous avoir. CYRANO: Comment? Sortez de chez moi, SORTEZ IMMÉDIATEMENT.
{PLUS TARD} CHRISTIAN: Écoutez moi. Je peux vous expliquer. CYRANO: Que reste-t-il à dire? Vous ne voulez pas de moi, je ne veux pas de vous. CHRISTIAN: Écoutez, pas besoin d'être agressif. Voilà. CYRANO: 5 minutes, après je vais prier au couvent des Dames Soeur. CHRISTIAN: Vous savez, j'ai peur. J'ai peur de notre futur. Je ne sais pas combien de temps nous allons avoir ensemble. Et si à la guerre, vous mourriez, comment vais-je faire pour... pour passer au-dessus de cette épreuve ? Je vous aime, mon cher. CYRANO: Vous ne me perdrez pas ! Je suis Cyrano de Savinien Hercule de Bergerac. Je serai toujours là pour vous protéger. CHRISTIAN: Bon, je vous donne une chance, que vais-je perdre? {CÂLIN QUI TERMINE L'ACTE 2}
LES MALHEURS D'ALICE ALICE: OH, ENCORE VOUS DEUX ? CYRANO: Chut. Je sais que je peux vous faire confiance. ROXANE: Cousin, avez-vous vu cet bel homme aux yeux purs? Il me jetait des coups d'oeil si subtils.. CYRANO: Oui, vous parlez bien de Christian de Neuvillette ? ROXANE: Vous le connaissez? CYRANO: Oui, très bien, il est dans mon régiment. ROXANE: Vous le protégerez. CYRANO: Avec ma vie *tout bas: & mon coeur*
CHRISTIAN: Qu'est-ce qu'elle voulait de vous? CYRANO: Vous n'avez pas besoin d'avoir un ton si jaloux. CHRISTIAN: Je m'aurai jeté dans vos bras pour éviter son regard. CYRANO: Brave ! J'aime. Approchez-vous. CHRISTIAN: En plein public? Venez.. ALICE: Toujours au mauvais moment ma présence. Ugh.
CYRANO: Croyez-vous en moi ? Croyez-vous que je vous donnerais ma vie? On peut bien parler de baiser, sans vous je suis vide. CHRISTIAN: Vous avez des propos honnêtes. CYRANO: Tournons autour du pot longtemps. Illégal l'amour qu'il soit. Vous êtes la beauté qui éclaire mes jours. CHRISTIAN: Laissez-moi vous tomber dans les bras. CYRANO: [...] ROXANE: NON! Vous êtes mien. Cousin, lâchez-le. CHRISTIAN: Je n'ai pas de désirs de continuer ce que nous avons. ROXANE: Comment? Vos lettres, vous n'avez pas la langue rapide? CHRISTIAN: Je n'écris rien. CYRANO: Allons, partons. ROXANE: Que se passe-t-il sous mes yeux ? ALICE: JE NE SAIS PAS ?!
CYRANO: Christian, vous êtes un être à la langue lente, mais montagne que vous avez le don de me rendre le sourire, vous êtes mon rayon de soleil. Vous m'éclairez autant possible. Le siège d'Arras sera peut-être la fin pour l'un d'entre nous. Je vous protégerai avec ma vie. CHRISTIAN: Je ne veux pas de cette protection si je ne finirai que blessé. Vous et vos mots doux m'adoucissent le coeur. Je ne sais pas comment vous remercier pour m'avoir ouvert les yeux. Je ne suis peut-être pas la seule lumière.
{ Si vous trouvez encore le nom de Clomire dans ce texte, ceci est normal.}
- Participation 2:
Une salle de classe. Des murs blancs recouverts de gribouillages. Des élèves affalés sur leurs tables. Un tableau rempli d'équations. Une porte légèrement entrouverte. Et le professeur... cherchant sa proie.
« -Alexis ? -Cinquante-huit. -... Bien. »
Au fond de la classe, le dénommé Alexis se balance sur sa chaise après avoir répondu à la question du professeur.
« -Eh mec, lui souffle son voisin. -Mh ? -J'comprends pas comment tu fais pour avoir des putain de bonnes notes alors que tu fous rien. -Le talent, mec. Tu l'as ou tu l'as pas. »
Le talent, en effet.
Alexis Dovidor, dix-sept ans, élève de Terminale Scientifique, premier de la classe, et même, du lycée. Fainéant à souhait, il n'a jamais fait le moindre effort pour travailler, ce qui ne l'empêche pas d'avoir d'excellents résultats. Son surnom ? « Il est trop beau... » l'appellent les filles.
Le talent, en effet.
Dans les couloirs du lycée, tous les regards sont rivés sur ce jeune homme aux cheveux bruns et aux yeux noisette, grand sans être ni trop mince ni trop corpulent. Il est constamment sur son téléphone mais personne ne sait ce qu'il y fait. Les rumeurs disent qu'il parle à sa petite-amie — encore faudrait-il qu'il en ait une. D'autres pensent qu'il étudie sur son portable. « Et il sent bon... » ajoutent les demoiselles en extase.
Alexis fait craquer toutes les filles. Elles seraient prêtes à tout pour lui, aucune ne lui résiste. Même les plus timides se sentent secrètement émoustillées à son approche et celles ayant déjà un petit-ami s'efforcent de cacher leur excitation.
« -Ça fait quoi d'avoir toutes les filles à tes pieds ? lui demande son ami en riant. -Elles ne sont pas "à mes pieds", respecte-les un peu. -C'est bon j'rigolais. »
Alexis est un garçon solitaire. Il est réputé pour être assez froid, même envers ses amis. Très irritable, il peu parfois faire peur mais reste très gentil. Le jeune homme ne cherche pas à blesser les autres. Il ne s'est jamais battu ni n'a jamais insulté qui que ce soit.
Pourtant, on raconte qu'Alexis sera bientôt contraint de quitter le lycée, avant même la fin de l'année.
« -Pourquoi tu dois partir ? demandent ses camarades. -C'est compliqué. »
Tout commença ce jour-là...
« -Je m'appelle Alice. -Ok. »
Elle s'était présentée à lui comme une fleur. Sortie de nulle part, elle avait soudainement fait son apparition dans la vie du jeune homme. Il était froid, froid comme il l'avait toujours été. Pourtant, Alice était charmante. Elle avait tout pour lui plaire. Belle, intelligente, souriante et sympathique. Douce, légère et gracieuse. Drôle et ouverte d'esprit. Elle était l'idéal féminin dont il avait toujours rêvé.
Alice venait tout juste d'être affectée au lycée. Personne ne savait d'où elle venait. Elle avait rejoint la classe d'Alexis par un beau jour de printemps, et, sur ces entrefaites, leurs vies avaient basculé.
Très vite, les deux jeunes s'étaient rapprochés. Premiers ex-æquo dans toutes les matières, ils avaient fini par tisser un lien indescriptible. Les résultats d'Alexis augmentaient de jour en jour et devenaient de plus en plus surprenants. Il n'avait jamais eu d'aussi bonnes notes. Et tout cela, il le devait à Alice, son Alice.
Mais un jour, Alice disparut. Personne ne comprit. Alexis se retrouva seul. Il commença à devenir insomniaque, rêvant chaque nuit de sa bien-aimée. Parfois, il avait l'impression d'entendre sa voix, de sentir sa présence, mais il fallait se faire une raison : Alice n'était pas là.
« -Alexis. Alexis. »
Le jeune homme sursaute. Il vient d'être sorti de ses pensées. Assis seul dans les couloirs du lycée, adossé à une porte verrouillée, il se relève lentement, l'air harassé.
« -Qu'est-ce que tu veux ? demande-t-il à la fille qui vient de l'interpeller — et qui est aussi sa meilleure amie. -Ce que je veux ? La vérité, répond-elle. -De quoi tu parles ? -Ecoute, dit-elle d'un ton grave. Je sais que tu ne t'es pas fait renvoyer. Si tu pars, c'est qu'il t'est arrivé quelque chose. -Tu es trop curieuse. Oublie ça », jette-t-il en tournant les talons.
La jeune fille le saisit.
« -T'as l'air fatigué en ce moment. -Je le suis. -Mais pourquoi ? » insiste-t-elle.
Alexis la regarde quelques instants, puis il soupire. Il sait qu'elle est inquiète et qu'elle ne lâchera pas l'affaire.
« -J'ai besoin d'être soigné, finit-il par avouer. -Hein ? -J'ai des problèmes. Dans ma tête, précise-t-il. -Explique-toi ! -Je ne dors plus en ce moment. J'en peux plus. Elle m'obsède. Elle me manque. -Mais qui ? -Alice, répond-il d'un air désemparé. -Alice ? -Ma chérie... Ma chérie qui n'existe pas putain ! » finit-il par hurler en cognant son poing contre le mur le plus proche. Il a mal. Mal au poing et mal au coeur.
Alexis est en pleurs. Il continue de cogner le mur. Son amie, secouée par cette révélation, regrette d'avoir été si curieuse. Elle s'approche et pose doucement sa main sur lui, silencieuse, avant de le prendre dans ses bras.
Bientôt, on emmènera Alexis, et il sera pris en charge par des psychiatres qui l'aideront à aller mieux. Mais qu'adviendra-t-il d'Alice ?
« -Je la retrouverai au pays des merveilles. »
- Participation 3:
Elle s’appelait Alice. Elle s’appelait Alice, et elle avait détruit sa vie.
Il était une fois quatre reines. Ces reines gouvernaient chacune un royaume. La reine de cœur dirigeait le royaume du cœur, où l’amour préconisait sur tout. Sa petite sœur dirigeait le royaume du carreau, ou le royaume des élites, car ici, les habitants naissent pour réussir, peu importe le domaine. La reine était très amie avec la reine de pique, souveraine du royaume de pique, la terre des philosophes. Elle était la cousine de la reine de trèfle, dont le royaume était très penché sur les jeux.
Ces dames avaient une coutume qui remontait à plusieurs siècles déjà. Les livres qui contaient l’origine de cette coutume se sont perdus, et les mémoires l’ont trop déformée pour que l’on retrouve à ce jour la véritable origine. Cette coutume est que chaque reine a pour devoir d’entretenir un jardin de fleurs, de ses propres mains. Rien de bien extravaguant, mais assez important pour demander quelques efforts des dames. Aujourd’hui, on pense que c’est pour que les reines puissent toujours apporter leurs propres fleurs aux enterrements, et offrir ainsi un dernier présent à leurs sujets. Mais c’est sans grande importance, au fond.
Cette tâche, la reine de pique la réalisait avec l’un de ses valets, qui était son grand ami. Parfois, elle venait en aide à la reine de carreau, cette dernière étant de constitution fragile. Les dames de cœur et de trèfle s’acquittaient de ce devoir ensemble (elles étaient amies de longue date).
La paix régnait sur leurs quatre royaumes. Elles ne se cherchaient que rarement des ennuis, seulement parfois quelques confrontation entre les philosophes du pique et les élites du carreau. Non, véritablement, ces royaumes baignaient dans un calme réconfortant.
Jusqu’à-ce qu’elle arrive.
Personne n’a jamais su d’où elle était venue. Elle est juste apparue soudainement dans le royaume du cœur. Une jeune demoiselle aux beaux yeux bleus et aux longs cheveux blonds. Elle se faisait remarquer, parfois pour sa beauté, parfois simplement car son apparence contrastait énormément avec le style du royaume.
Et puis elle se fit remarquer pour tout autre chose.
Elle vola un couteau dans une maisonnée, et commença à tuer les habitants. Les pauvres gens, ayant été éduqués pour faire l’amour, pas la guerre, ne surent guère se défendre. Alors, leur sang coula à flots.
La reine de cœur dut intervenir.
Mais, naïvement, elle tenta de la raisonner. Pleine d’amour, elle voulut lui en offrir.
La jeune fille piétina cet amour et assassina la reine.
C’est là que le royaume du cœur sombra véritablement dans le chaos. Ce fut l’armée de sa sœur qui intervint, et captura la blonde.
Le lendemain, elle fut exécutée. La reine de pique se déplaça pour l’occasion. Pas celle de trèfle.
La reine de trèfle…
Était dévastée, pour ainsi dire.
La reine de cœur était sa meilleure amie. Elles se connaissaient depuis tant d’années. Mais, à cause de cette fille, elle était…
La reine de trèfle ne quitta pas sa chambre une semaine durant. Pas un bruit n’émanait des lieux. Seul le valet qui lui apportait ses repas pouvait témoigner de son état : « Dans ce genre de situation, on s’attendrait à la trouver misérable, les yeux bouffis, rougis par les larmes, les cheveux en bataille, les habits froissés… Mais, malgré sa profonde tristesse, la reine est toujours aussi belle. Silencieusement, les larmes coulent ; la reine pleure peu, mais continuellement. De temps à autre, elle laisse tomber une de ses longues mèches d’ébène devant son visage, comme pour se cacher du monde ; elle a l’air si fragile alors… Lorsque je m’approche avec son repas, l’appelle gentiment, elle relève la tête avec surprise, n’ayant pas remarqué ma présence jusqu’à présent. Alors elle se lève avec la grâce qu’elle a toujours eue, et s’approche de moi, avant de me remercier d’une voix que je ne lui connaissais pas. Si douce. Si faible. Et puis elle s’excuse. Je lui dis que ce n’est rien, mais elle s’excuse encore et toujours. Elle me demande pardon pour tout le souci qu’elle cause. Elle espère que son peuple la pardonnera de faillir à son devoir. Enfin, elle saisit le plateau, et je m’en vais avec un sentiment étrange. Je… Je suis sûr que notre reine souffre bien plus qu’il n’y paraît. Elle ne se serait pas retirée de la sorte, sinon. Mais elle a peur de s’abandonner aux larmes. Elle a peur de perdre le contrôle. Elle n’oublie pas son rôle, et j’ai le sentiment qu’à cause de ce souvenir, elle bride ses sentiments. Et cela lui fait encore plus mal, j’en suis sûr. »
Cette semaine s’étendit à un mois. Quand enfin, elle sortit.
Tous ses valets se précipitèrent vers elle, et elle les salua avant de s’excuser. Ils la regardèrent s’éloigner, se demandant où elle allait. Ils préférèrent ne pas s’imposer, même si l’un, plus observateur, s’inquiétait de l’objet qu’elle transportait.
La reine de trèfle se rendit dans les jardins. À son parterre de fleurs.
Elle alluma une allumette, et la jeta dans les amaryllis, les narcisses, les hyacinthes.
Les fleurs brûlèrent.
Tandis que le feu grandissait, que les valets accouraient, la reine demeurait immobile.
Puis finalement, elle tomba à genoux et fondit en larmes.
Plus jamais la reine ne cultiverait de fleurs. Car plus jamais elle ne pourrait le faire avec sa grande amie.
Elle s’appelait Alice. Elle s’appelait Alice, et elle avait détruit sa vie. La reine de pique soupira, la réminiscence s’estompant. Sa chère cousine n’avait jamais retrouvé son vrai sourire.
- Participation 4:
Alice est sagace mais s'agace de la sagacité de Lewis. Alice. Alice. Glisse. Le long de la chambre, le long des murs, d'une démarche sauvage, sensuelle semblable à un serval. Alice ne se pare d'aucun artifice. Élégance naturelle, délice pour les yeux. Mais Alice ne voit que Lewis. Lewis. Lewis. Martyr. Victime de la seule passion d'Alice, victime de ses charmes, victime de sa dame. Alice n'a pas toujours été ainsi. La chevelure flavescente, les yeux céruléens, la taille fine, les formes appropriées. Elle semblait encore en être inconsciente à l'époque, ne comprenait pas ces regards appuyés sur son corps encore en transformation. Gestes maladroits, sans once de sensualité. Inconsciente de ses charmes, inconsciente de sa beauté. Mais un samedi, elle s'en rappelle, Lewis. Les cheveux noirs, aspect léonin, prunelles noisettes, bouche ourlée, muscles saillants. Une apparition des temps anciens. Semblables à des gravures de combattants d'Odin. Un viking se battant, sang et sueur se mêlant, pour atteindre le Walhalla. Tout dans son aspect contrastait curieusement avec l'apparence d'Alice, encore assagie. A partir de ce jour, elle ne voit plus qu'à travers lui, éperdument amoureuse, éperdument passionnée. Beaucoup disent que c'est là qu'elle est tombée. Dans la folie, l'amour l'y ayant emmené comme le lapin blanc ayant emmené Alice dans un trou sans fin, sans fond jusqu'à la chute fatale. Alice a changée. La douce, la candide Alice. Tel le serpent se débarrassant d'une mue trop inconvenante. Dès qu'elle voit, son coeur s'emballe, son corps s'enflamme. Même sa voix gutturale l'envoûte, l'emmène avec elle jusqu'en Suède, sur les drakkars pour combattre. Sa passion sauvage envers Lewis occupe tout son esprit, tout le temps, sans accalmie. Elle ne pense qu'à lui. Rien d'autre n'a d'importance. Il ne comprend pas. Il sent la présence d'Alice jusque dans ses rêves où elle s'immisce. Dans ses songes, Alice a le teint sélénique, le ton caustique, la voix sensuelle, l'attitude sûre d'elle. Elle l'emmène vers le monde des merveilles, de l'autre côté du miroir. Le pare d'un chapeau trop grand pour lui. L'appelle le modiste vésanique. Alors qu'elle se transforme en souveraine de coeur, le rouge à lèvres renforçant ses traits sveltes, la nitescence de son doux visage. Elle l'emmène vers le monde des merveilles, de l'autre côté du miroir. Elle dit qu'elle l'a inventé, façonné, construit pour s'évader de la réalité. Mais il n'est pas beau, non. Il est loin du fantastique royaume qu'imaginait Lewis. Les merveilles tombent en ruines. Les fleurs fanent, les animaux se métamorphosent, des montres molles s'étalent sur les vallées, des cartes à jouer volent dans tous les sens, il faut courir pour rester sur place. Plus il y avancent, plus tout semble détérioré, anéanti par la folie qui gangrène l'esprit d'Alice. Lewis est effrayé de constater les méandres des pensées d'Alice. Au beau milieu d'une clairière où trône une table empli d'objets, un navire nordique sort du sol, prêt à attaquer. Au fur et à mesure, la neige commence à tomber. D'une pureté telle que, lorsqu'elle s'écrase à même le sol, elle disparaît immédiatement, englouti par l'appétit des lieux. Rien n'est beau. Rien n'est tendre. Tout semble prêt à s'effondrer. Les merveilles ne sont pas, ne sont plus. Lewis a peur. Lewis s'éveille. Alice ne vit que pour Lewis. Alice sombre dans la folie pour conquérir Lewis. Elle a toujours eut tout ce qu'elle désirait mais elle n'arrive pas à avoir Lewis. Alors elle sombre, sombre, toujours plus profond, contaminant toujours davantage son esprit auparavant si doux, si innocent, si beau. Les merveilles reflètent ce changement. Auparavant terrain d'une magnificence inégale, il s'est transformé en un lieu empoisonné par une passion dévorante, une obsession insatiable. Alice ne vit que pour Lewis, c'est une évidence. Les monstruosités de la folie amoureuse dévore ses traits. Ses gestes normalement si délicats, sa manière de sourire si douce se voient peu à peu transformés en des gesticulations atroces, emprunts d'une profonde déshumanisation. Alice devient lentement, lentement, sûrement, un objet de haine, un être empli de fascination destructrice en la personne de Lewis. Lorsqu'il n'est plus là, la mécanique de son coeur semble s'arrêter définitivement comme une horloge hors d'usage dont les aiguilles ne tourneraient plus. Qu'importe la moralité ou les lois de ce monde, elle est prête à affronter Cerbère et le Styx, à sombrer dans le plus profond des enfers si cela signifie demeurer à ses côtés pour l'éternité. Lewis est perdu comme Alice se perd dans son monde des merveilles. La souveraine de coeur s'imagine que tout est semblable, que tout va bien: les animaux vivent heureux, les collines verdoyantes sont toujours luxuriantes, ne flottent que des nuages iridescents. La nuit ne tombe jamais vraiment, le ciel toujours recouvert d'étoiles la fascine alors que tout s'entremêle dans son esprit. Lewis aime-t-il Alice ? Est-il prêt à sombrer dans la folie pour la rejoindre ? Le temps passe, imperturbable. A cause de son indécision, il entraîne la folie d'Alice qui grandit, grandit toujours plus forte, plus puissante. Elle ne peut pas avoir Lewis alors elle sombre, sempiternellement, encore, sans fin. Dans ce trou rempli de placards emplis à craquer, d'étagères, de cartes, de tableaux étranges, de pièces d'échecs. Elle suinte par tous les pores la folie et l'amour. Ce n'est pas un amour pur, non. Ce n'est pas un amour de contes de fées, non. C'est la réalité et Alice le sait. Un jour, Lewis vient. Il la prend par la main, lui susurre qu'elle devra être forte. Elle fera tout pour l'avoir, elle sera forte et même plus encore. Alice sera prête à tout. Elle suit Lewis sans s'en apercevoir, sans voir ce qui l'entoure et ils entrent tous deux dans une pièce qu'elle ne connaît pas. Cela ne dérange pas Alice. Tant qu'elle est avec Lewis, rien n'importe. Elle le suit. Elle s'assoit, sur son ordre, se fait soudainement attacher sur un lit. Alice observe Lewis. Il a l'air triste, anéanti même et elle ne parvient pas à distinguer pourquoi. Lewis se saisit d'une petit objet. Alice ne le voit pas.
▬ Alice, Alice, vous m'entendez ?
Alice ne répond pas. Trop occupée à concentrer son attention sur Lewis.
▬ Alice, détendez-vous, ça ne prendra qu'un instant.
Alice cesse son mouvement erratique et tente de se calmer. Elle espère qu'il l'embrasse, qu'il l'enlace. Elle veut que ce premier baiser avec Lewis soit parfait. Alice veut fermer les yeux. Lewis lui demande de les laisser ouverts.
▬ Alice... Je suis désolé.
Alice ne comprend pas le sens de sa phrase. Lewis enfonce le pic à glace dans le lobe de sa patiente. Lewis espère qu'elle guérira, un jour. Lewis espère qu'elle sortira de l'asile, un jour.
- Participation 5:
Alice. Lorsque je la vis la première fois, pendant les vacances d'été, c'était au lac. Le soleil jouait dans ses cheveux, elle était allongée dans l'herbe verte, absorbée par la lecture d'un livre, ignorante du monde alentour, des enfants qui chahutaient dans l'eau. Je restais un moment à l'observer. D'abord parce que je ne l'avais jamais vue ici, pourtant ici, on retrouve toujours les mêmes personnes, l'été. Et puis parce que je la trouvais belle. Je ne dis pas ça parce que je veux que vous croyez que par la suite, Alice et moi sommes sortis ensemble ou d'autres bêtises de ce genre. Parce que c'est faux. Alice était d'une beauté sauvage, mystérieuse. Celle dont on hésite à approcher, celle qui nous fascine. Parce qu'elle ne faisait rien pour l'être. C'était inscrit dans sa personne. Tous ces gestes, singuliers, fascinait. C'est ce que je remarquais très vite. Parfois, elle relevait la tête, et nos regards se croisaient. Elle avait les yeux d'un noir profond, où l'on distinguait à peine la pupille de l'iris. Elle ne souriait pas et retournait dans sa lecture. Ce fût comme ça toute la journée, et le lendemain, quand je retourna au lac, elle était là, à la même place, lisant le même livre. Le petit jeu recommença, et cette fois, elle me souriait. C'est ce qui me donna le courage de venir m'asseoir à ses côtés. -Salut, fit-elle, tout de go, moi c'est Alice, et toi ? Je lui répondis et lui demanda ce qu'elle lisait. Elle me montra la couverture : Tout Alice, de Lewis Carroll. Je ne sais pas pourquoi, je m'en doutais. Pendant le mois qui suivit, j'appris à connaître Alice, et on passa le plus clair de notre temps ensemble. Elle dégageait une force de caractère qui n’impressionnait, elle n'avait peur de rien, souriait toujours. Et quand elle prenait un air plus grave, c'était pour se livrer à des réflexions philosophiques, auxquelles je ne comprenais souvent le sens que bien plus tard. Elle avait le don du mystère. Je ne sus jamais d'où elle venait, ni pourquoi elle était là. Je goûtais chaque jour en sa compagnie comme si c'était le dernier. Je me souviens de chaque moment, chaque dialogue d'Alice. Un jour, elle me tendit son exemplaire d' Alice. Il était un peu abîmé, les coins étaient cornés. -Tiens, lis-le. Elle me sourit et se détourna. Je la regardais marcher, s'en aller, son livre dans la main. Le lendemain, elle n'était plus là. Ni les jours d'après. L'année suivante, je ne la revit pas. Je ne la revit jamais. J'appris par la suite qu'elle était partie. Elle était partit au pays des merveilles
- Participation 6:
C'était notre petit paradis. Notre endroit rien qu'à nous. Personne d'autre n'en connaissait l'existence. C'était une cachette où nous étions à l'abri du monde, de la tristesse, de la souffrance. Il n'y avait là qu'un gigantesque saule pleureur, dont les feuilles pendantes nous enveloppaient telles les douces ailes d'un oiseau. Nous étions ses petites protégées. Souvent, nous nous étendions sur l'herbe, écoutant le chant mélodieux des mésanges, admirant la splendide valse des branches bercées par le vent. Nous grandîmes ensemble, partageant rires et sanglots. Lorsque je me sentais abandonnée, laissée à moi-même en ce monde sordide, c'était à notre petit paradis que je me rendais. Emma en faisait de même. Nous y retrouvions un sentiment inexplicable d'apaisement. Un jour, au pied du saule, nous enfouîmes un coffre rempli de souvenirs. Des photos, des lettres, des dessins, et plusieurs objets précieux dont nous seules comprenions la valeur. Elle avait aussi tenu à y déposer une peluche. Elle les adorait. Et moi j'adorais la voir sourire.
C'était notre petit paradis. Notre endroit rien qu'à nous. Personne d'autre n'en connaissait l'existence. Puis il vint un jour où elle me sembla distante. Puis un autre où je ne reconnus plus la personne avec qui j'avais partagé les moindres instants de ma vie. Nous nous rendîmes de moins en moins sous le saule pleureur. Elle en vint même à oublier cette date que j'avais tant attendue, cette date où nous devions déterrer le coffre.
« Emma, tu viens au saule pleureur ? » lui demandai-je, d'une voix hésitante, espérant de tout cœur qu'elle comprendrait. Qu'elle se rappellerait.
« Non, je suis occupée ce soir », marmonna-t-elle avant de partir.
Puis je compris. Il y avait bien des choses qui m'échappaient, mais à ce moment, à cet instant où elle prononça ces mots, ces lames qui me fendirent le cœur, je sus que c'était Alice. Oui, je savais que c'était elle. Ce ne pouvait être qu'elle. Alice, des cheveux dorés et un corps élancé. Alice, un sourire toujours collé aux lèvres. Alice, dont les histoires étaient bien meilleures que les miennes. Alice, celle qui m'avait remplacée.
Cette nuit-là, j'eus envie de me recroqueviller sur moi-même, de pleurer, de crier. J'étais tourmentée, perdue dans mes pensées. Je ne m'étais pas rendu compte que mes pieds m'avaient menée jusqu'au saule pleureur, qui avait écouté nos rires au fil des années. Jusqu'alors, je n'avais pas aperçu la silhouette féminine étendue sur le sol. Je crus d'abord que c'était Emma. Je m'approchai donc, une once d'espoir dans les yeux, croyant qu'elle s'était souvenu. Mais je vis les cheveux blonds éclairés par l'astre de la nuit : Alice.
J'entendis un cri étouffé derrière moi, semblable à celui que je laissai entendre en découvrant le sang qui souillait les vêtements de son corps sans vie. Emma nous observait à travers les branches.
« Que... Que lui est-il arrivé ? » prononçai-je avec difficulté, manquant tout à coup d'air.
Il me sembla qu'elle me cracha ses mots au visage, pendant qu'une larme roulait sur sa joue, et qu'ils me brûlèrent la peau. Puis je compris ce que je me refusais à croire.
« Tu l'as tuée. »
Vous avez tout lu ? Bien parce que maintenant, il va falloir voter pour le texte que vous préférer... Si je n'oublie pas encore de mettre le sondage, uhuh Comment voter ? C'est très simple ! Lisez les textes, choisissez celui que vous préférez, et cliquer sur le bouton correspondant au texte, qui se trouve en haut du sujet. Vous avez jusqu'à dimanche prochain pour le faire, soit jusqu'au 10 janvier exclu. Right ? J'attends encore plus de votes que de participations, et n'hésitez pas à commenter les textes, à en discuter, cela fera sans doute très plaisir à ceux qui les ont écrit. Et toi, Invité quel texte a eu ta préférence ? |
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