Sujet: Concours n°4 ♦ Exister - Votes jusqu'au 21/07/14 Lun 14 Juil 2014 - 2:33 | |
| Concours n°4 Exister
Bonjour bonjour, mes petits Doudous. Les inscriptions au Concours d'Ecriture n°4 sont closes. Il est désormais temps de voter pour votre participation préférée ! Le thème de ce concours était « Exister », thème qui, au départ, ne semblait pas inspirer grand monde. Et pourtant, que vois-je ? Six participations sont miraculeusement apparues dans ma boîte à MP. Nous avons des textes tous différents, originaux, plus ou moins personnels et touchants. Preuve de la diversité d'Epicarena : tout le monde à sa place sur ce forum. Alors si vous êtes un invité qui passe par là, un ancien membre qui nous a quitté, ou même un membre qui hésite à partir, dites-vous que votre place est ici, et que vous avez le droit d'exister, peu importe si c'est sur Epicarena ou dans la vie. Smile. ♪Assez parlé, laissons place à nos six participations. N'hésitez pas à prendre le temps de relire et de comprendre les textes. Vos critiques, que vous soyez un vilain Sasuke ou une gentille Stella, seront les bienvenues. - Participation n°1 :
Exister et se débattre, on manque d'air ; Xylophone des limbes, seul et austère Image que renvoi le grand miroir de verre, Symphonie aux couleurs douces et on espère Trouver l'harmonie des saveurs, vient l'hiver. Et on reste si seuls quand on perd la lumière... Rester, pour exister, dans les yeux bleus de l'Enfer
- Participation n°2 :
Samedi. Mon jour préféré. Aujourd’hui, le soleil brille de mille feux. C’est l’été, il fait beau, je suis de bonne humeur. Alors pourquoi n’irais-je pas faire un tour dehors ? Je regarde par la fenêtre. Il y a beaucoup de monde, à cette heure-ci, au bord de la plage qui se trouve juste en face de chez moi. C’est décidé, je sors. Allons nous promener sur le sable fin, histoire de (peut-être) rencontrer quelques jolies filles aux formes généreuses. (Moi, pervers ? Vous faites erreur.)
C’est ainsi que je rencontrai la petite Alison, assise seule au milieu de la plage. Elle avait tout de suite attiré mon regard parmi la foule, non pas par ses courbes, mais plutôt par le regard lointain qu’elle avait à ce moment-là. Jamais je n’avais vu un visage aussi triste.
« -Bonjour ? » fis-je en m’arrêtant devant la jeune fille qui releva silencieusement la tête. Elle me regardait, et pourtant… Son regard vide m’effraya.
« -Ça n’a pas l’air d’aller. Je m'appelle Lucas. Et toi ? » lui demandai-je en m'asseyant près d'elle. J'étais un peu gêné de parler à une inconnue, mais celle-ci semblait si mignonne. Je voulais faire sa connaissance.
« -Alison. » répondit-elle après quelques minutes.
Sur ses genoux, elle caressait un grand ours en peluche blanc qui était tourné vers elle.
« -C'est ta peluche ? demandai-je bêtement pour chasser le silence. -Ce n'est pas une peluche, répondit-elle sèchement. C'est mon ami. -Ah... fis-je, embarrassé. -Pourquoi tout le monde me prend pour une folle. »
Je demeurai immobile et silencieux. Sa question soudainement sortie de sa bouche m'avait perturbé. D'autant plus qu'elle n'attendait pas de réponse.
« -Je sais que tu es vivant, Ted'... » murmura-t-elle.
Elle contempla son "ami". Puis elle se mit à parler longuement sans que je n'ose l'interrompre.
« -Si tu n'existes pas, alors qui est la personne qui me console ? C'est toi. C'est toi qui me réconfortes, c'est toi qui m'accompagnes, c’est toi qui me souffles tous ces mots doux. C'est grâce à toi que je trouve la force de sourire. Alors pourquoi. Pourquoi me dit-on que tu n'existes pas ? Je t’ai bien entendu, ce matin, à mon réveil. Ce n’était pas un rêve. Allez, Ted’. Prouvons aux autres que tu es vivant. Bouge, parle, réponds-moi ! »
A ces mots, elle enfonça lentement son poing dans la tête de l’ours. Je ne connaissais pas Alison. Mais malgré tout, je parvenais à percevoir la haine et la tristesse qu’elle éprouvait. Je compris que sa peluche était une sorte d’ami imaginaire. Un objet auquel elle tenait, et qui semblait avoir partagé tous les moments difficiles de sa vie.
Tout à coup, je me demandai… Si une peluche pouvait prendre vie. Vivre, c’est exister. Et exister, c’est être accepté dans ce monde, peu importe qui on est et ce qu’on est.
- Participation n°3 :
Il y a une chose que j'ai toujours détesté. Exister sans être présente. Cette idée m'horrifie, parce que je ne peux avoir aucun contrôle dessus. A chaque fois que quelqu'un parle de nous sans que nous ne soyons présent, que ce soit lors d'un conseil de classe, pour raconter une anecdote rigolote, pour nous critiquer, pour se moquer, pour s’inquiéter ou encore pour nous montrer en exemple, nous existons dans les pensées de ces personnes, mais sans être là. Nous ne pouvons avoir aucun contrôle dessus, et ça me terrifie, parce que j'ignore ce qui se dit. Mon existence ne dépend plus de moi, mais bien d'un autre et de ce qu'il raconte sur moi. Chacun de nous existe, en tant que lui même, mais aussi en tant que projection de lui-même à travers les autres. Déjà en temps normal, le contrôle que l'on peut avoir sur l'impact de notre existence dans la vie des autres est assez limité. Comment savoir de quelle manière ils nous perçoivent? Si ce qu'on dit les affecte? Si notre comportement influence le leur? Mais là, c'est encore pire. C'est quelque chose sur lequel personne ne peut avoir la moindre maîtrise. Exister sans pouvoir le contrôler, à travers les paroles et les souvenirs des autres, c'est terrifiant. Alors je réduis les contacts au minimum. Je me tais, je m'efface, je tente de devenir invisible. Moins il y aura de personnes pour me voir, moins il y en aura pour parler de moi. Mais je réalise que ce n'est pas suffisant, parce qu'il y aura toujours quelqu'un pour faire apparaître ce fantôme de moi-même à un moment ou un autre. Un fantôme qui sera un reflet de moi, peut-être mensonger. Un fantôme qui pourra blesser des gens, les rendre malheureux, les influencer contre ma volonté. Un fantôme qui n'est pas moi, mais qui existe uniquement parce que j'existe. Alors souvent, effrayée par cette perspective, je me mets à souhaiter ne jamais avoir existé.
- Participation n°4 :
Elle regarde tendrement ce chaton au pieds Du sapin. Cet espace pourtant si cliché Et si semblable au reste de la cour en ruine Tourmente tant cette lamentable orpheline.
L'horloge tourne inlassablement et bourdonne. La machine infernale et monotone cause Un soupir, un regard vague, unique pensée. L'enfant tousse mollement et attend l'été.
Et si elle décidait de cesser enfin? D'aussitôt cesser de courber l'échine en vain. Un petit pas pour chasser ces ennuis, franchir La ravine. Et donner un sens à ce mot «vivre».
Elle rechigne à suivre cette fausse doctrine; S'engage dehors à pas feutrés. Clandestine, Mutine, elle se lève pour crier justice.
Elle lace ses converses opalescentes. Fait mine d'apprécier le silence et tente Sa fugue, profitant que la morphine agisse.
«J'existerai en dépit de cette vermine dans mon coeur»
- Participation n°5 :
Mes escarpins frappent le sol. Je n'avais jamais réalisé que c'était aussi dur de marcher avec une minijupe dis donc ! Soudain il se met à pleuvoir. Je sors mon parapluie. Mais j'ai beau lutter, lutter, donner des coup de pieds et lui parler gentiment, il refuse de s'ouvrir ! Ah vilain parapluie ! Les passants s'arrêtent pour me regarder. Je souris à la foule:
- Ce n'est rien, il est juste un peu capricieux aujourd'hui !
Sans me soucier des passants qui rigolent à mon triste sort, je continue de marcher. Je vais être toute trempée à mon rendez-vous ! Est-ce que j'ai mis du maquillage waterproof ? Je m'approche de la vitrine d'un café pour me regarder. Quand soudain je vois...
MON FIANCE AVEC UNE GRANDE BRUNE QUI NE PORTE MÊME PAS D'ESCARPINS ! ! QUELLE CRIIIME DE LA MODE !!
J'entre comme une furie dans le café quand soudain je les vois s'embrasser.
QUOOOOIII ??
Je m'approche de leur table.
-Chérie... murmure mon fiancé. Qu'est-ce que tu fais ici ?
-Pourquoi tu as embrassé une... une... brunesansescarpins ?
-Une quoi ?
-Une criminelle de la mode ?
-Chérie... Je ne l'ai pas embrassé...
- Je vous ai vus !!!
-J'allais t'en parler...
-Me parler de quoi ? Me dire que tu es plus heureux avec une horreur pareil ? JE N'EXISTE DONC PAS A TES YEUX ?
Vlam ! Bien envoyé ! Et sur ces mots je sors du café.
Quand je vais raconter ça à mes copines du spa...
- Participation n°6 :
Il y a de cela soixante ans, je pris l'avion avec quelques amis en direction de l'Inde. Nous étions alors de jeunes étudiants en philologie désireux de découvrir de nouveaux textes en sanskrit, et nous avions préparé notre voyage en Inde dans cet objectif. C'est avec beaucoup d'enthousiasme et de naïveté que nous nous imaginions en glorieux explorateurs, inhalant la poussière de vieilles archives pour découvrir le texte qui nous rendrait célèbres. Nous étions également un peu nerveux car c'était la première fois que nous effectuions un travail par nous-mêmes, sans pouvoir nous reposer sur quiconque en cas d'erreur. Mais nous étions jeunes, ce qui nous conférait une confiance en soi que rien ne pouvait ébranler. Après un long trajet dans un avion dont je ne me souviens plus le nom ni l'allure, mais qui aujourd'hui me ferait trembler d'effroi tant il était vétuste, nous avions pris immédiatement la route en direction de la capitale. Le voyage m'avait rendu somnolent, si bien que malgré l'inconfort de mon véhicule, je ne pus m'empêcher de m'assoupir. Un brusque cahot me tira de mon sommeil, je faillis tomber de mon siège, mais je réussis à me rattraper au dernier moment. La secousse avait réussi à me tirer des vapes du sommeil, et j'étais parfaitement réveillé lorsque je m'enquis de la raison de cet arrêt. Notre vieille voiture venait de rendre l'âme, et nous étions coincés sur place. Nous ne pourrions pas repartir avant le lendemain matin. Où nous trouvions-nous ? Je l'ignorais et, en fin de compte, je crois qu'il était important que je ne le sache pas vraiment. Non que cette rencontre fût orchestrée par le destin : ce n'était qu'un hasard, comme tant d'autres surviennent chaque jour. Il importait cependant que je sois dépaysé, et que je manque de repères, afin de faire la découverte qui allait changer ma vie. Malheureusement, elle ne pouvait me rendre ni riche, ni célèbre.
Mes camarades étant partis aux renseignements, je me trouvais seul à garder les bagages en compagnie de notre guide. Attendre me fatiguait, sans compter que la chaleur était insupportable et que je ne rêvais que d'un coin de verdure bien frais. J'abandonnai donc notre guide avec les bagages pour partir en quête d'ombrage. L'autochtone voulut m'en dissuader, mais j'étais trop décidé pour prendre en compte ses avertissements. Et un peu stupide, je dois le reconnaître. Personne n'aurait idée de s'aventurer dans la savane sans préparation. Pourtant, c'était ce que je souhaitais faire, sans me rendre compte du danger que je courrais. Vous vous dîtes sans doute que je ne tenais pas assez à la vie. Vous avez partiellement raison. Je n'en connaissais pas la valeur avant ce jour. Il ne m'était jamais venu à l'esprit que je pouvais la perdre. J'étais d'une arrogance dangereuse lorsque j'étais jeune, incapable par exemple de prendre en compte les mises en garde d'une personne plus expérimentée que moi, parce que j'étais un étudiant imbu de lui-même et lui qu'un simple guide qui conduisait une voiture et qui savait à peine lire et écrire. En fait, nos situations respectives prouvaient une chose : je manquais de sens pratique. Tout ce qui m'intéressait était de m'abriter de la chaleur. Je n'avais donc qu'une hâte : aller m'abriter à l'ombre de cette forêt que je pouvais apercevoir de la route. Lorsque mes camarades reviendraient, je les rejoindrais alors.
Je me figeai en un instant en remarquant le tigre. C'était un vieux tigre du Bengale allongé dans la savane. J'avais failli ne pas le remarquer, car les herbes le masquaient en partie à ma vue, mais une fois que mes yeux s'étaient posés sur lui, je ne pouvais plus ignorer sa présence. Il n'était pas particulièrement majestueux, ni même bien épais, mais c'était un prédateur et je ne pouvais ignorer sa nature. Immédiatement, je me sentis en danger à cause de tout ce que je m'imaginais sur cet animal. J'étais persuadé de sentir ses crocs arracher ma chair dans les secondes à venir. La peur se lisait certainement dans mon regard et mon attitude, mais j'avais fait l'effort de ne pas m'enfuir en courant. En fin de compte, je me sentais fort. Ce que l'animal avait dû sentir. Mais il devint rapidement évident qu'il ne m'attaquerait pas. La tension que je ressentais disparut, remplacée par de la curiosité mal placée. Je n'avais pas intimidé cet animal. Il ne pourrait jamais avoir peur d'un gringalet dans mon genre, qui plus est désarmé. Ce n'était pas vexant. Je n'étais pas exceptionnel. Il était simplement diminué. En y regardant de plus près, tout devenait évident. Mon tigre n'avait pas eu la force de rejoindre la forêt et s'était écroulé de tout son long dans la savane, en plein soleil. Un mètre à peine le séparait des premiers arbres. Il était diminué, au sens propre comme au sens figuré. Il avait perdu de sa superbe. Il avait perdu une patte et son ventre était ensanglanté. Je ne savais pas qui était responsable d'un tel massacre, mais je sentais que le tigre cherchait à me dire quelque chose. Je ne m'approchai pas plus de lui. S'il l'avait pu, il m'aurait tué, mais tant que je restais à une distance respectable de lui, rien ne pouvait m'arriver. Il aurait été peut-être plus humain de l'achever, mais je n'avais pas la force de caractère nécessaire pour passer à l'acte. Qu'aurais-je pu faire sans arme ? En revanche, il me parlait. Il ne s'agissait pas d'une conversation conventionnelle, dans la mesure où nous n'échangions par le moindre bruit, si ce n'est celui de nos souffles. Mais ses yeux étaient expressifs. Presque humains. Il me racontait son histoire pendant que la vie le quittait peu à peu. Tout ce que je pus faire, c'est m'accroupir à sa hauteur et le regarder me parler, malgré la chaleur étouffante qui m'asséchait la gorge et me donnait mal à la tête. Puis à l'heure où le soleil entamait sa pente déclinante, il cessa de me parler pour laisser son corps se reposer. Il considérait que son secret était bien gardé et pouvait partir en paix. Je ne le vis pas mourir, mais cela importait peu : une voix lointaine appelant mon nom me demander de venir. C'est ainsi que s'opéra mon retour à la civilisation.
La morale de cette histoire, je n'avais jamais vraiment pu la tirer. Le tigre m'avait parlé de lui, mais je n'avais pu le comprendre. Tout ce que j'avais pu retenir de lui, c'était qu'il occupait la place que j'aurais dû occuper, dévoré par un de ses congénères plus puissant que lui. En fait, tout cela n'avait aucun sens et personne ne me croyait quand je disais que j'avais vu ses yeux communiquer. On me trouvait trop romantique, trop lyrique, pour pouvoir dire la vérité. Mais ce que je sais, au plus profond de moi, c'est qu'un instant extraordinaire a eu lieu. Nous étions entrés en communion, malgré nos différences. Homme et animal, vivant et mourant, nous étions deux formes d'intelligences plus ou moins abouties qui partagions le même monde. Je n'étais pas lyrique. Je n'exalterais jamais cette rencontre. Elle ne m'avait pas changé : elle m'avait seulement appris la prudence. Nous avions beau partager le même fond d'être, rien ne pourrait surmonter l'abîme qui existait entre nos deux êtres. Et cela, même Dieu ne pourrait rien y changer.
Je tiens à remercier les six personnes qui ont pris le temps de rédiger leurs textes mais aussi ceux qui ont essayé sans m'envoyer leur participation. J'espère vous retrouver aux prochains concours. Vous avez exactement une semaine pour voter. Et toi, Invité, quel est ton texte préféré ?
Dernière édition par Mangeuse de Bonbons ♥ le Ven 1 Aoû 2014 - 16:17, édité 1 fois |
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