Sujet: Concours n°22 - Echec - Vote Dim 1 Mai 2016 - 11:29 | |
| Concours n°22 Echec Et voilà ! Il est grand temps de découvrir les participations de chacun, qui sont au nombre de 4. Je remercie donc les propriétaires de chaque texte. - Participation 1:
Il regarde le dossier qu'il doit traiter d'ici demain. Le papier déborde. Il n'y arrivera sûrement pas, il le sait. Néanmoins, il essaie vaguement. Il n'a même plus la volonté d'essayer véritablement. Ces temps-ci, il n'est qu'une logue. Les collègues le regardent avec mépris. Le médecin lui a dit qu'il faudrait aller voir un psy. Qu'est-ce qu'un psy pourrait bien faire ua fait qu'ile st un raté ?
De son souvenir, il a toujours été ce mec banal qui ne fait jamais rien de spécial. La vie l'a porté et voilà où il est est. Honte de la famille parce qu'il n'est qu'un petit employé minable, risée au bureau parce qu'il n'a pas traité un seul dossier depuis deux mois. Il va certainement bientôt perdre son emploi. C'est normal après tout de virer un employé incompétent. Il devrait peut-être en finir. Il y a cette poutre au plafond à laquelle il pourrait attacher une corde.
Crac.
Il ouvre les yeux, les murs crème sont encore là. Même son suicide a été un échec.
"Hé vieux, te laisse pas abattre comme ça !"
À sa droite, un jeune homme en uniforme de lycéen. Comment est-il rentré ? La porte est fermée à clé.
"D'où tu sors ?"
"Ah ça, j'sais pas trop."
"Comment ça tu sais pas trop ? Et comment t'es rentré ?"
"Bah avec toi."
C'est bien sa veine. Il a foiré son suicide et un gamin pas net est rentré chez lui.
"N'empêche tu t'es pas loupé. Raide mort !"
"Mais qu'est-ce que tu-"
Il le voit. Son corps est bien pendu au bout de la corde. Il est mort.
"Nan sérieux t'as pas capté qu'il y avait une différence de hauteur ?"
"... Non. Mais si je suis mort, comment je peux être encore là ?"
"Parce que moi, je voulais pas mourir."
"Et t'es qui au juste ?"
"Quoi tu m'as pas reconnu ? Je suis toi ! Mais quand t'avais 17 ans. Bon et si on y allait ?"
"Où donc ?"
"Bah dans ton corps pardi. Tu peux pas abandonner alors qu'on a des rêves. Arrête de baisser les bras avant d'avoir essayé. Allez, coupe moi cette corde et on y retourne ! Je vais te secouer moi, tu vas voir."
Il le regarde couper la corde. Il ne sait pas trop comment il faut faire pour retourner dans son corps et revivre.
C'est vrai... Avant, il rêvait de mener sa propre entreprise. Quand cela a-t-il changé ? Ce n'est pas grave s'il manque de courage, l'autre a l'air d'en avoir pour deux. Il est hors de question d'abandonner celui qu'il fut. Il s'approche du corps et quelque chose de magique s'opère.
Le plafond est crème. Il se lève, regarde l'heure. Il se sent plus léger. Aujourd'hui ne sera pas un échec.
- Participation 2:
Il ne faut pas que je perde. Il ne faut pas que j'échoue. L'enjeu est grand. Mes joues sont rouges par l'effort, mon souffle court. Pourtant, je n'ai encore presque rien fait, et je sais que le plus dur est à venir. La bataille fait rage dans la plaine, et je regarde mes hommes tomber un à un, impuissant. Ce blanc-bec ne perd rien pour attendre. Je sers les poings. Je ne veux pas perdre contre lui. Depuis toujours, nos familles ont été opposées dans des guerres sanglantes, qui parfois pouvaient durer des jours. Il ne faut pas que j'échoue. Je soupire, las. Il me faut revoir ma stratégie. Je me tourne vers un cavalier, qui est resté à mes côtés, durant tout le début de la bataille. Nous n'avions pas bougé ; de là, je pouvais voir toutes la masse humaine se battant. Derrière lui, je pouvais distinguer les deux tours de mon châteaux, qui se dessinaient dans la brume, droite et fière. Il ne fallait pas qu'elles tombent, où tout était fini. C'était mon dernier rempart, où je pouvais me réfugier, si cela tournait mal. Mais ça ne tournerait pas mal, n'est-ce pas?. Je levais mon regard sur la figure raide et grave de l'homme à cheval. Il me regardait d'un œil inquiet -sans doute avait-il deviné les sombres pensées qui agitait mon esprit. « -Ils sont trop nombreux. Beaucoup de nos hommes sont tombés. Il faut changer de stratégie, annonçais-je. -Bien. Que voulez-vous que je fasse, Messire ? » Je tournais à nouveau mon regard sur la plaine. L'herbe bruissait sous le vent, et parfois, le soleil donnait un éclat d’émeraude aux brins, multitude de taches plus claire. C'était un beau paysage, que chaque matin, j'avais contemplé en me levant. Mon cœur se serra. Il ne fallait pas perdre. « -Galope jusqu'à eux et choisit un de tes hommes pour pousser plus avant. C'est notre seule chance. L'avoir avant qu'il nous ait. Je compte sur toi, cavalier. » L'homme hocha la tête, abaissa son casque et cria au cheval qui se mit de suite à descendre la petite colline, en direction de la bataille. Je le regardais s'éloigner, soulevant un nuage de poussière derrière lui. Désormais, j'étais seul. Le temps me paru s'étirer avec lenteur, et je ne voyais toujours pas mon cavalier remonter l'autre versant de la plaine. J'étais anxieux. Il ne fallait pas que j'échoue. Mon père avait gagné tant de batailles, je me devais de me hisser à son rang. Mais cela s’annonçait plus dur que prévu. Soudain, je vis arriver vers moi un homme, brandissant sa hache. Son plastron était blanc, bien que maculé de sang. Ce n'était pas un de mes hommes. Mon cœur rata un battement. Je jeta un coup d’œil à mes deux tours. Elles n'avaient pas bougés, mais étaient trop loin. L'homme s'avançait toujours. Je pouvais désormais voir, sur son visage une farouche détermination. Je tirais mon épée de mon fourreau, lestement. L'homme était devant moi. Nos épées se rencontrèrent dans un bruit de métal que l'on heurte. Violemment. Il avait dans le bras plus de force que j'en ai dans les deux ; je n'avais pas subit un entraînement aussi assidu que ceux des chevaliers. Bientôt, il arriva à me faire perdre mon épée, qui alla mordre la terre. J'étais désarmé. Devant moi, presque tous mes hommes étaient tombés : cavaliers, ou simple fantassin. Il ne me restait que mes deux tours, toujours droite et fière, qui étendaient leurs ombres sur mon âme. L'homme sourit, et, prenant bien soin d'articuler, il souffla : Echec et mat.
- Participation 3:
Echec et mat. Le roi est cerné. Un flot de larmes s'échappe. Je me noie.
J'ai volontairement laissé mon roi mourir. Je ne le supportais plus. Il était trop froid, trop distant. Je ne voulais pas d'un roi si indifférent à mon amour. Oui, j'aimais mon roi, amoureusement. Je lui avais donné mon coeur. Je lui avais donné ma vie. J'avais accepté d'être sienne, telle un jouet. Une idiote parmi tant d'autres.
Au fond de l'échiquier, je me rongeais les ongles. La vie me faisait peur. Je ne voulais pas avancer. Mes compagnons se précipitaient vaillamment vers l'avant, prêts à tout pour vaincre nos ennemis. Je les admirais. Je les enviais. Mais moi, petite enfant peureuse, je ne pouvais pas les suivre. Ma faiblesse et ma fragilité me retenaient.
Toutefois, je suis parvenue à avancer deux fois. A deux reprises, j'ai voulu protéger mon roi. J'ai voulu prouver que j'en étais capable, que rien ne pouvait m'arrêter. Echec. Je me suis d'abord perdue. Je ne sais pas ce qui s'est passé. J'ai tourné en rond. Je me suis trompée de chemin, demandant quelquefois ma route à des inconnus. Ensuite, je me suis trompée de cible. J'ai plusieurs fois attaqué des innocents qui n'avaient rien demandé. Lâche, j'ai fui sans me retourner, sans prendre la peine de m'excuser. J'ai souffert, voyant que j'avais fait tant de faux pas, tant d'erreurs. Tout cela à cause de mon roi. Je voulais simplement qu'il me remarque. Monter dans son estime, en le sauvant, en le défendant. Mais mes efforts étaient vains. Je n'étais rien à ses yeux. Rien de plus qu'un simple objet. Il n'avait même pas remarqué ma disparition.
Au bout de quelques années, j'ai fini par retourner au point de départ. Mes compagnons étaient toujours sur le front, et moi à l'arrière. Rien n'avait changé. Le titre de "boulet" m'avait été donné. J'ai fini par en être fière, bêtement. C'était la seule distinction qui me donnait l'impression d'exister.
Maintenant, le roi a quitté ce monde. Les ennemis sont venus, et je n'ai rien fait pour les en empêcher. On me secoue. On me demande de cesser d'être "morte", inerte, comme s'il n'y avait plus de souffle en moi. On me demande de réagir, de donner un signe de vie. En réalité, je me sens vide, esseulée. Perdue dans ce grand labyrinthe qu'est la vie. Un labyrinthe semé d'embûches, où j'ai peur de tout ce qui m'entoure. J'ai peur de moi-même, aussi. J'ai peur de me tromper à nouveau de route. Peur de recommencer à faire du mal. Peur de commettre en boucle ces mêmes erreurs. Je n'ose plus bouger. Je plonge dans un petit trou parmi les buissons, et je me replie sur moi-même. Position foetale. J'attends. La vie continue sans moi, le temps s'écoule. Je reste bloquée dans ce passé douloureux, incapable d'affronter ce futur qui m'effraie.
Echec et maths. J'ai entendu dire que le nouveau roi est un chercheur en mathématiques. Echec et maths. On me tend une main. On m'aide à résoudre mes problèmes. Echec et maths. Tu montes sur le trône, au sommet de la pyramide. Echec et maths. Je suis l'échec, tu es les maths.
Echec. Et Maths. Toi. Et moi. Sois donc mon nouveau roi, meilleur que ton prédécesseur.
- Participation 4:
Cent. Dix. Huit. 118 secondes. Presque 2 minutes. Voici ce qui m'avait séparée de la première place.
Autour de moi, la clameur de la foule envahissait l'arène et nous transformait momentanément en plus que des hommes, plus que des combattants, des demi-dieux. Pourtant, je ne pouvais m'empêcher de penser que le second était simplement le premier des perdants. Et connaissant la cruauté d'Aydün, le second serait sûrement tout aussi mort que les derniers. Ce qui ne me rassurait pas du tout, étant le second en question. La petite ange déchue que j'étais avait l'air bien maligne en train de mourir par terre.
Dans mon cas, être petite, c'est être plus vif, plus rapide, plus souple. Je l'ai toujours utilisé comme une arme. Bien entendu, sans prendre en compte ou même imaginer que cela signifiait aussi être plus sensible aux attaques empoisonnées, le poison ayant moins de distance à parcourir pour rejoindre l'endroit fatidique.
Depuis 118 secondes je vomissais mon corps sur le sable brûlant, pleurant comme une enfant devant le feu qui ravageait ma gorge. Tellement ironique. J'avais survécu à ma Déchéance, survécu à la coupe de mes ailes, survécu à l'humiliation, à l'entraînement intensif, aux combats contre des barbares. Mourir noyée dans mon propre vomi n'était pas exactement la glorieuse mort que j'aurais pu espérer. Dire qu'il avait suffit d'un échec pour atterir dans cette arène de malheur. Un échec pour tout perdre et me retrouver à combattre avec les autres esclaves afin de satisfaire les envies de mes anciens camarades qui étaient actuellement en train d'acclamer je ne sais quel vainqueur.
Quand nous étions enfants, le grand prête nous répétais sans cesse : "Tu peux devenir n'importe qui, le monde est à tes pieds". Ce même grand prêtre qui m'a Déchue. En un instant, ce souvenir concentra l'ensemble de la haine, des remords, des sentiments les plus sombles qui me hantaient pour en faire une boule d'énergie. La motivation qui me fesait vivre jusqu'à anéantir Aydün et venger ma cohorte. Les primas payeraient. Aydün payerait. Me punir de mon échec et me penser vaincue était la pire de leurs erreurs. Mais d'abord, il fallait survivre, par ce qu'un ange recouvert de vomi, ce n'était pas hyper menaçant.
Ces personnes ont pris du temps pour écrire un beau texte -et peut-être remporter quelques points ?- alors, vous aussi, donnez un peu de votre temps pour lire, voter, et surtout commenter les textes. En effet, quoi se plus agréable que de savoir que votre travail a été lu et apprécié ? Donc n'hésitez pas à laisser un petit commentaire : pour lequel avez-vous voté ? Avez-vous hésité ? Pourquoi ? Voilà, assez de blabla, je vous laisse découvrir les textes ! Vous avez une semaine pour voter, soit jusqu'au 8 mai. Et toi, Invité, pour qui voteras tu ? |
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