Sujet: Concours n° 11 ♦ Enfance - Vote Dim 1 Mar 2015 - 19:31 | |
| Concours d'écriture n° 11 Enfance Et voilà, le concours est fini. Contre toute attente j'ai reçu cinq participations. :8D : Donc, voilà. Je suis contente. J'espère qu'il y aura encore plus de vote.:kyaaaah : Mais en attendant les résultats, voici les participations : - Participation 1:
L'enfance
C'était le temps de l'ignorance Sans politique ni loi, sans souffrance Juste une période sans défense mais sans dépendance Période où nous n'étions qu'enfant, ramassis d'innocence.
C'étais le temps où on rêvait Là où on ne perdait pas pied Où seul jouer avec ses amis comptait La vie n'étant diriger que par un maître mot: Rêver.
La tristesse? Pas dans nôtre vocabulaire Nous ne connaissions pas l'adolescence, cette nouvelle aire Le vent dans nos cheveux lorsque le tourniquet tourne suffisait à nous plaire Mais maintenant nous connaissons études ou salaire
Heureusement nous somme heureux, on a toujours une part de ces moments-là Aimer les licornes où les pandas Histoire de rester fous, de rêver comme autrefois Etre plein de folie, encore un peu gamin, avoue, le mieux c'est ça. ~
- Participation 2:
En ouvrant un carton que ma mère m’avait envoyé, je découvris un vieil album photo qu’elle avait pris soin d’alimenter au fil des ans et d’agrémenter de dessins et de petits messages. Je fus pris de nostalgie dès l’ouverture. Mes lèvres s’étiraient bêtement en un sourire béat alors que ma mémoire rejouait les évènements au cours desquels les photos avaient été prises. Je cessai de tourner les pages en arrivant à une photo dont mes souvenirs demeuraient très clairs. L’été de mes dix ans. Sur cette photographie, j’étais assis entre mes deux parents, et ma grande sœur était allongée à nos pieds avec Pilot, le labrador que nous avions à l’époque.
Je me souvenais qu’on m’embêtait très souvent dans le voisinage. Chaque quartier avait ses petites brutes. J’étais une cible évidente puisque j’étais différent. A l’époque, je ne comprenais pas vraiment pourquoi ils s’en prenaient à moi mais ma sœur n’était vraiment jamais loin pour leur coller une raclée ou ne serait-ce que pour leur asséner un regard noir. Ma sœur Emma était une lycéenne plutôt ordinaire qui avait ses propres problèmes. Cela ne l’empêchait toutefois pas de se montrer très protectrice envers moi. Je l’aimais bien, elle était très pétillante mais parfois un peu dingue. J’avais été très étonné le jour où je l’avais aperçu en train d’emballer la voiture de son ex petit-copain avec des tas de rouleaux de cellophane, accompagnée de deux de ses amis. Lorsque je lui avais demandé innocemment pourquoi elle faisait cela, elle avait répondu avec un naturel des plus déconcertants que c’était une surprise pour le remercier de lui avoir ouvert les yeux. Je découvris plus tard que ce n’était rien d’autre qu’une vengeance pour avoir l’avoir trompée.
L’été où cette photo avait été prise, j’étais allé jouer au football avec des copains dans la rue de notre quartier résidentiel. Peu de voitures passaient et nos familles pouvaient nous surveiller, c’était l’endroit idéal. Nous jouions tranquillement, sans embêter personne, mais cela semblait déranger les fortes têtes du voisinage. Le pire de tous était Dane, un quatrième de treize ans dont la puberté abîmait la peau de son visage tout en lui laissant conserver des traits enfantins. Il aimait bien dire du mal de ma sœur, mais seulement lorsqu’elle n’était pas là, et me rappeler que je ne lui ressemblais pas. Il ne m’apprenait rien, j’avais d’assez bons yeux pour m’en être déjà aperçu depuis bien longtemps. Ce jour-là, il me bouscula en me disant de rentrer chez moi. Cependant, il ne parlait pas de la maison de mes parents. De toute façon, Dane n’aimait pas les garçons comme moi, ceux qui étaient différents de lui.
Au repas, j’en avais parlé à mes parents. C’étaient des gens hautement éduqués mais qui étaient restés très simples et avaient beaucoup d’humour. Surtout mon père ; tandis que ma mère était une personne qui avait suffisamment de compassion pour le monde entier.
« Un jour, tu seras grand, mon chéri, me réconforta ma mère. Et même suffisamment grand pour tenir tête à Dane et faire en forte qu’il cesse de chercher les ennuis. -Encore faudrait-il que tu deviennes grand, me taquinait ma sœur en terminant de mâcher ses haricots. Parce que c’est plutôt mal parti pour l’instant étant donné que tu es le plus petit garçon de ta classe, et certaines filles sont même plus grandes que toi. »
Moi, je voulais grandir. Et pourquoi pas devenir basketteur. Ou astronaute. Mais j’hésitais encore également à devenir pilote de course. Ma mère avait toutefois suivi ma sœur sur cet argument, que puisqu’aucun de mes deux parents n’était grand, j’avais peu de chances de devenir grand à mon tour. Mon père se leva de table pour aller chercher le dessert dans le réfrigérateur, une délicieuse tarte aux pommes que ma mère avait faite pendant l’après-midi.
« Mais… ça n’a pas de rapport. Je suis adopté. »
En effet, il y avait un indice plutôt évident de la différence qu’il y avait entre moi et le reste de ma famille. J’étais noir, ils étaient blancs. Mes cheveux étaient bruns et crépus alors que ma mère et ma sœur les avaient d’un blond vénitien. Pour mon père, difficile à dire puisqu’il n’avait plus un seul cheveu sur le crâne. D’ailleurs, celui-ci referma lourdement le réfrigérateur après l’avoir à peine ouvert. Il avait une expression faussement scandalisée sur le visage.
« Quoi ?! s’exclama-t-il théâtralement. Comment le sais-tu ? On avait décidé d’attendre que tu sois plus grand pour te le dire ! Je suis sûr que c’est ta mère qui a vendu la mèche. -Oh non, je sais que je risque la peine capitale si je trahis un secret de famille, répondit ma mère en jouant le jeu. -Alors c’est toi, Emma ? Ma propre chair, comment as-tu pu ? »
Ma sœur le fixa du regard en plissant les yeux et en pinçant les lèvres. C’était exactement la même tête qu’elle faisait quand elle faisait semblant de jouer les dures.
« Je suis en pleine adolescence, Papa, expliqua-t-elle. Je me rebelle, c’est comme ça. -Oh ! Chérie, notre fille est une délinquante. Qu’allons-nous faire pour la détourner de ce chemin semé d’embûches ? »
Alors que nos parents étaient lancés dans une de leurs discussions insensées qui finissaient toujours par ne plus avoir de rapport avec le sujet d’origine, ma sœur se pencha vers moi pour me murmurer qu’elle était prête à tenir Dane pour que je lui mette un bon coup de pied là où ça fait mal. Elle n’était pourtant pas de nature violente, c’était juste qu’elle ne supportait pas qu’on s’en prenne à moi. Parce qu’adopté ou pas, j’étais quand même son petit frère. Mon adoption n’avait d’ailleurs jamais été un secret comme s’amusait à le prétendre mon père de temps à autre pour plaisanter, et j’avais été élevé exactement de la même façon que ma grande sœur qui était leur fille naturelle. J’avais aussi un grand frère bien plus âgé que moi mais il était déjà grand lorsque j’étais entré dans la famille. Lui aussi me considérait comme un frère de sang. Moi, je le voyais plutôt comme un oncle rigolo qui passait à Noël et aux anniversaires et qui fumait en cachette de nos parents alors qu’ils ne lui avaient jamais rien dit à ce sujet.
En feuilletant à nouveau cet album photo que ma mère m’avait envoyé, toute une multitude de souvenirs étaient remontés à la surface. Et c’étaient de bons souvenirs. D’ailleurs, j’avais pu intimider Dane deux étés plus tard, après que mon corps ait connu une forte poussée de croissance. Heureusement que je n’avais pas les mêmes gènes que mes parents de ce côté-là. Je posai ensuite l’album sur une étagère, à côté d’un cadre contenant une photo prise l’été dernier, quand j’étais rentré chez mes parents pour les vacances. J’étais toujours entre mes parents, ma sœur se trouvait encore à nos pieds, avec Skipper, qui fut adopté par la famille après le départ de Pilot. Mon frère était également venu leur rendre visite avec sa femme et son fils. Je devais encore avoir ce sourire idiot sur le visage puisque mon camarade de chambre me demanda si je n’étais pas en retard pour mon prochain cours. Je baissai les yeux vers ma montre, et quitta rapidement la chambre avec mes affaires, non sans avoir dit au revoir à ma famille avant.
Mon enfance était désormais derrière moi mais cela n’empêchait pas qu’elle faisait tout de même partie de moi. Et ce pour toujours.
- Participation 3:
C’était une journée de vacances ensoleillée et deux enfants en profitaient pour s'amuser dans le jardin. Ils avaient trouvé un vieux sceau en plastique qu’ils avaient rempli d’eau et s’activaient désormais à y ajouter tous les ingrédients qui leur passaient sous la main, autrement dit feuilles, terre, sable, graviers, herbe et compagnie. La mixture étrange et malodorante qu’ils avaient ainsi créée était destinée à devenir le plat principal de leur futur restaurant. — Ça manque de couleur, décréta la petite fille après avoir mélangé la substance. — Et d’épaisseur, ajouta son frère. La fillette contempla le liquide d’un air songeur lorsque son visage s’illumina brusquement. — On peut utiliser l’herbe de la tondeuse ! s’exclama-t-elle. — Mais oui ! — Je vais la chercher, toi tu vas cueillir des fleurs ! ordonna-t-elle en filant vers le fond du jardin où son père laissait l’herbe tondue se décomposer. Docile, le garçon obéit et scruta rapidement le jardin du regard. Un des murs de la maison était justement encerclé par des pissenlits jaunes vifs. Ravi, l’enfant s’y précipita et se mit à les ramasser un à un, prenant bien soin de prendre la tige avec. — Antoine ! Je peux utiliser ta brouette ? Il leva la tête vers sa sœur qui le fixait d’un air interrogateur de l’autre bout du jardin, de l’herbe jusque dans les cheveux. — Ne la casse pas ! répondit-il alors que son attention était brusquement détournée par une tâche sur le mur. Il se retrouva face à un petit escargot tentait courageusement d’escalader le mur. Les yeux pétillants, Antoine l’observa d’un air émerveillé. — Alice ! Viens voir ! La fillette, qui avait compris au ton de la voix de son frère qu’il s’agissait de quelque chose de la plus haute importance, lâcha la petite brouette à moitié pleine et courut droit dans sa direction. — Quoi ? Quoi ? Qu’est-ce qu’il y a ?...Oh ! Un nescagrot ! — On dit « escargot », la corrigea son frère. — Bah oui, c’est ce que j’ai dit. Il est mignon. Elle tenta une approche mais la petite bête se réfugia aussitôt dans sa coquille. — Je crois qu’il est timide, en conclut aussitôt Antoine. — Tu penses qu’on peut le garder ? — Il faut demander à papa. En moins de cinq secondes, les deux enfants se retrouvèrent dans le bureau de leur père, une moue adorable sur le visage et les yeux suppliants. — Qu’est-ce que vous avez tous les deux ? questionna-t-il, un peu méfiant. — On a trouvé un nescagrot ! annonça aussitôt Alice en sautillant sur place. — Alice, je t’ai dit mille fois qu’on disait « escargot », la reprit doucement son père. — Oui oui, mais on peut le garder ? Comment pouvait-il ne serait-ce que songer à refuser cette demande innocente face à deux bouilles aussi mignonnes ? — Venez, on va lui trouver une boîte, répondit-il en souriant. — Youpiii ! s’exclamèrent les deux enfants à l’unisson. Moins de dix minutes plus tard, l’escargot était domicilié dans une jolie boîte en plastique, avec un peu de salade et glissait gaiement dans sa nouvelle maison. A force de patience, Antoine avait même réussi à le faire sortir de sa coquille alors qu’il le tenait sur sa main. Alice avait assisté au spectacle en bouillonnant de jalousie, mais pour avoir droit à la même faveur de la part de l’escargot, elle était obligée de rester immobile et ça, elle n'en était pas capable. A présent, ils le regardaient curieusement grimper sur la laitue et Alice s’amusait à approcher ses doigts pour le voir rentrer ses antennes. — Il est trop rigolo ! s’exclama-t-elle joyeusement. — Il faut lui trouver un prénom, décida brusquement Antoine. — Oui ! Papa, c’est une fille ou un garçon ? Leur père regarda pensivement sa fille en anticipant d’avance la conversation qui allait suivre. Il lui sourit et commença son explication. — Ni l’un ni l’autre ma princesse. Les escargots ont les deux sexes et donc ils sont hermaphrodites. Alice le regarda en donnant l’impression de comprendre et il songea un instant que cela allait être plus facile que prévu. — D’accord, enchaîna la fillette. Mais c’est une fille ou un garçon ? — Je viens de te le dire, il est hermaphrodite. — Oui, mais ça veut dire que c’est une fille ou un garçon ? Cette fois, elle fronçait les sourcils, bien décidée à avoir sa réponse. — Alice, il a les deux sexes. — Non, c’est pas possible ça. C’est toi qui me l’as dit. Son père laissa échapper un soupir alors qu’Alice le fixait d’un air déçu. — Papa ! Pourquoi tu sais pas ça ! Elle leva les bras au ciel d’un air dramatique et quitta la pièce, furieuse. Antoine, qui avait observé la scène installé à côté de la boîte, se leva et tapota le bras de son père d’un air réconfortant. — Tu sais papa, le rassura-t-il, c’est pas grave si tu ne sais pas tout. On t’aime quand même. Il le fixa d’un air surpris, comprenant que sa dignité de père venait d’en prendre un coup. Maudit escargot.
- Participation 4:
Il avait peur, son corps tremblait sans qu'il ne puisse rien y faire. Son cœur battait à mille à l'heure alors qu'il était perdu dans la forêt depuis plus de deux heures, la nuit commençait à tomber, et il savait que le soir cette forêt était très dangereuse. Il voulait pleurer, mais son père lui disait tout le temps que les hommes devaient être fort, qu'il ne pouvait surtout pas pleurer. Mais il était seul non ? Alors pourquoi ne pas se laisser aller ? Un bruit raisonna et il sursaut apeuré.
« Maman ! Papa ! J'ai peur... ! » Cria l'enfant.
Il entendit encore un bruit, le peur prenant le dessus sur ses instincts il se mit à courir le plus vite possible pour rentrer chez lui, quand il percuta quelque chose. Il leva la tête effrayé.
« Que fais-tu la Erwen ? Demanda le nouvel arrivant. Et qu'est ce qui t'arrive ? -Monsieur Ariann ?! Je... je suis perdu... Dit-il un peu timide. -Aussi loin du village ? Et je t'ai déjà dit qu'Ariann suffisait, je n'ai que vingt ans. Imbécile. -O..oui ! Je... -Je te ramène au village d'accord, la nuit tombe c'est dangereux ici. On ira manger et jouer en rentrant d'accord ? -Oui ! » Dit l'enfant heureux.
Il arrivèrent au village une trentaine de minute plus tard. Erwen tenait fortement le bas de la veste de son sauveur et le suivait sans rien dire. Ils arrivaient maintenant devant la maison du plus vieux et entrèrent. Ariann appela les parents du petit et leur dit qu'il restait chez lui ce soir.
« Tu dors ici Erwen. » Déclara l'homme en revenant près du plus jeune.
Le petit garçon leva les yeux vers Ariann, et d'un ton enjoué lui dit : « Oui ! » Et le plus vieux lui sourit gentiment avant de lui demander s'il avait envie d'un bon gâteau aux fraises. Le petit sauta de joie en criant : « FRAISE FRAISE FRAISE ! » Ils mangèrent un peu du gâteau et allèrent jouer au jeu Epicarena.
« Dit Ariann, on joue à quoi maintenant ? Demanda le Erwen. -Tu ne veux plus jouer ? -Si, mais on fait quel jeu ?! -Tu veux qu'on essaie 'Devine qui passe ?' -Ouai ! »
Ariann aimait beaucoup Erwen, c'était un petit très bien élevé, très gentil aussi. Un peu peureux et timide mais ça le rendait mignon du haut de ses huit ans. Il avait des cheveux bruns avec de petits reflets dorés, de grands yeux vert, des joues toujours un peu rouge mais une peau plutôt pâle. Il était définitivement mignon.
Le lendemain, l'enfant retourna chez lui, mais depuis Erwen venait tout les jours chez Ariann. Même maintenant, alors que cela fait plus de dix ans.
The end.
- Participation 5:
Le jeune assistant tend la pochette du dossier. L'inspecteur l'attrape au vol, brutalement. Il était de mauvaise humeur : le match de base-ball avait commencé depuis cinq minutes déjà, et il aurait dû être assis sur son canapé, en train de siroter une bière et d'encourager son équipe favorite. -Qu'avons-nous là... Porte d'arme illégal, tire sur des policiers. Je vois, c'est du lourd, ça, fait-il en agitant les papiers devant le nez de son assistant. L'inspecteur boit une gorgée de son café encore brûlant avant de se diriger vers la salle d'interrogatoire où était enfermé le jeune... Comment s’appelait-il, déjà ? Il jette un coup d'oeil sur la fiche. Alan Demarle. L'inspecteur soupire, fait signe à son assistant de se poster derrière la vitre teintée et pénètre dans la pièce. Là, l'attend un jeune homme chétif, aux cheveux blonds, penché sur sa montre digitale. L'inspecteur sourit. Inutile d'essayer de capter internet ici. * La télé allumé diffusait une douce lumière bleutée. Ses petits pieds nus faisaient craquer les marches de bois de l'escalier. Il se penche en avant, assez pour apercevoir son père, assis sur le canapé, une manette de jeux vidéo à la main, concentré sur ce dernier. -Papa ? S'enquière-t-il d'une petite voix fragile. Il descend les dernières marches. Le carrelage est froid. Sur l'écran, le petit bonhomme se déplace, en courant, un fusil à la main. Le petit garçon appelle de nouveau. Papa ? Cette fois, le père entend. Il appuie sur pause, soupir. Peut-être est-il agacé d'avoir été dérangé ? Le petit garçon vient se blottir sur le canapé, contre son père. -J'ai fait un cauchemar, papa. Le père lui tapote le dessus du crâne, un geste qui se veut rassurant. Il fixe un moment l'écran, son visage mal éclairé se creuse d'ombres. Puis, il lui glisse un regard en coin. -Et si tu allais te coucher ? Fait le père. -Tu fais quoi ? Je peux rester un peu ? Supplie le petit garçon, en s'agrippant au sweet de l'homme et en le regardant de ses deux grands yeux bleus. Le père soupire, réfléchit un instant. Il pose la manette sur la table basse, cela fait un bruit mat, dans le silence de la nuit. Il fixe un instant l'écran, où le bouton reprendre la partie clignotait. Il s'apprête à répondre, se ravise. Soupire une nouvelle fois. -Bon ok, capitule-t-il, mais cinq minutes, après, dodo. Il se penche, reprend la manette. Le jeu redémarre. Le personnage court toujours, son fusil entre les mains. Le regard du petit garçon est happé par l'écran, la lumière a toujours attiré l’œil. De temps en temps, son père lui jetait un coup d’œil, lorsque la tâche qu'il devait accomplir ne nécessitait pas trop de concentration. Puis, tout à coup, les sirènes résonnent dans les haut-parleurs de la télévision. Le père pousse un juron, le personnage accélère, mais trop tard, déjà les voitures l'encerclait. Le petit garçon fronce les sourcils. -Pourquoi il y a des voitures de polices, papa ? Le personnage il est méchant ? L'homme ne répond pas. Il ne semble même pas l'avoir entendu. Il fait courir ses doigts sur le bouton de la manette, pour faire courir son personnage. Son souffle s'est légèrement accéléré, lui aussi. Puis, soudain, les voitures s'arrêtent. Les policiers descendent, l'arme au poing. Le personnage arrête de courir sur le bitume virtuel. Le premier coup résonne, fait sursauter le garçon. Un policier, sur la droite, s'écroule. Un deuxième. Encore un policier qui s'écroule. Le personnage saute par-dessus une voiture, part s'abriter. Le petit garçon s'agrippe à la manche de son père. Les coups de feu se calment, le silence revient, peu à peu. -Pourquoi tu les as tués ? Demande le garçon, d'une petite voix. Le père cligne des yeux, semble enfin remarquer sa présence. Il lui sourit, lui tapote encore la tête. -C'est le jeu. Allez, au lit. * -Bonjour, Monsieur... L'inspecteur regarde sa fiche. Monsieur Demarle. Lejeune homme relève la tête de sa montre digitale. Et sourit. Sa mèche de cheveux blond lui faisait de l'ombre sur son visage fin. L'inspecteur s'assoit sur l'unique chaise en métal disponible. Il croise les doigts et fixe un moment son interlocuteur, qui soutient son regard sans broncher. -Vous savez pourquoi vous êtes là ? Le jeune homme en face de lui hoche la tête. Il n'a toujours pas dit un mot. L'inspecteur soupire, s'en agace. Il se tourne légèrement vers la vitre teintée, se ravise. Pose les mains à plat sur la table, ce qui a le mérite de faire trembler un instant la lumière de la lampe de bureau. Le visage anguleux du jeune homme se creuse d'ombre, avant de retrouver la lumière de la lampe. -Bien, fait l'inspecteur, pourquoi avoir tiré sur ces policiers ? Et ne me... L'autre se fend d'un sourire étrange, à la limite entre le rictus et un beau sourire chaleureux. Seuls ses grands yeux bleus ressortaient dans l'ombre de ses cheveux. -C'est le jeu. * Le père couche l'enfant, déjà endormit, dans son petit lit. Au-dessus, un mobile d'avion tourne paresseusement. Le père s'étire, regarde l'heure. Minuit. Il a le temps de refaire une partie, sans doute. Avec un sourire, il se penche et dépose sur les joues roses de l'enfant un baiser. -Bonne nuit, Alan, fait-il avant de tourner les talons et de fermer la porte.
Vous avez une semaine pour voter, soit jusqu'au 8 mars vers 19 h 30.Et toi, Invité quel est ton texte favori ? |
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